Étoile 1939-1945

Étoile-sur-Rhône 39-45

  

Pendant la deuxième guerre mondiale, Étoile-sur-Rhône est un village de 2 000 habitants.

D’après le recensement de 1936, le dernier avant la guerre, 600 familles (220 en agglomération et 380 en dehors de l’agglomération) se retrouvent principalement dans deux secteurs d’activité : l’agriculture et le chemin de fer.
Agriculture : Propriétaire, exploitant agricole, cultivateur, fermier, ouvrier et journalier agricole, domestique de ferme = 438 personnes, les épouses ne sont pas comptées (Profession = Néant)
Charron, maréchal-ferrant = 9
Moulin, minoterie (Moulin Paul PESTRE et Georges LAURENT) = 14
Négociant pour l’agriculture = 2
PLM (chemin de fer Paris-Lyon-Marseille) = 69

• La guerre à Étoile

Dès 1940, la commune connait les bombardements de l’armée allemande qui ne font pas de victime, c’est la commune de Portes-lès-Valence qui était visée. En juin, les familles sont informées des premières victimes de la guerre, morts sur le front : Georges Lièvre, le 30 mai 1940 ; Paul Montellier, le 7 juin 1940 ; Henri Bois, le 12 juin 1940 ; André Jacquamet, le 19 juin 1940 ; Julien Clair le 20 juin 1940.

Et puis, c’est la débâcle qui assomme toute la population, suivie par l’armistice le 22 juin 1940. L’armée allemande bute sur la rivière Isère et s’arrête à Romans. On retient son souffle.
On se serre un peu pour faire de la place à quelques familles lorraines que la guerre et l’annexion de leur région ont jetées sur les routes en direction du Sud.
On cherche les rescapés, ceux qui reviennent ou donnent rapidement signe de vie, et les nombreux prisonniers qui laissent les familles de longs mois dans l’incertitude.

La vie reprend son cours.

Les paysans, les plus nombreux sur la commune, n’ont pas suspendu les travaux des champs, les premières moissons ne peuvent attendre quel que soit l’évolution de la guerre et de l’occupation. On s’entraide, par exemple au quartier des Josserands, Marie-Louise Bois reste deux ans sans nouvelles de son mari Henri, la commune est prévenue de son décès qu’en mai 1942, Paul Verd, paysan voisin, et son garçon de ferme André Monteillier vont l’aider pendant cette période, jusqu’à ce que Marie-Louise décide de vendre.
Aux premières décisions du gouvernement qui s’est engagé à payer un lourd tribut aux vainqueurs, les fermes préparent leur résistance.

À Étoile-sur-Rhône, nous retrouvons comme dans beaucoup de villages ruraux, des pétainistes, mais peu s’en vantent. Des maréchalistes, qui ont connu la guerre de 14-18, plus nombreux, que l’on retrouve dans la Légion française des Combattants. Beaucoup de citoyens attendent de voir avant de se déclarer et quelques-uns, qui refusent la défaite et la politique du nouveau gouvernement, commencent à tisser des liens, et par leur opposition discrète, préparent la Résistance.

Il n’y a aucun signe qui dit que la population d’Étoile a souffert de pénuries alimentaires. Les fermes nombreuses, les lopins de terre que cultivent les ouvriers, employés et artisans, et ici et là, quelques poulaillers et clapiers, permettent de passer les moments difficiles. Ainsi que les cours d’eau : le Rhône, la Véore et autres ruisseaux assurent un complément non négligeable.

La légion Française des combattants, les Compagnons de France, pour les deux nouvelles organisations, s’engagent dans la Révolution nationale chère à Pétain. Collectes pour les prisonniers, quêtes pour le Secours national et l’organisation de fêtes, conférences, de rassemblements à de multiples occasions.

À partir de 1943, la zone dite « libre » est occupée par l’armée italienne, puis par l’armée allemande. Le temps tourne, on rentre la tête, quelques « collabos » donnent de la voix. Discrètement, chacun à sa manière, cherche comment rejoindre, sans prendre de risques, ceux qui, depuis des mois, font entendre une autre version de l’Histoire.

Et le 6 juin 1944, jeunes et moins jeunes qui s’entrainent depuis quelques mois à démonter et remonter les armes sans pouvoir tirer un seul coup de Sten, se lancent dans la Résistance armée sous les ordres du Docteur Jean Planas. Période dangereuse où il faut encore subir la loi du plus fort.

À la libération, presque tout le monde est content. Il y a bien un couple, qui disait, haut et fort, leurs préférences pour les Allemands, qui a subitement disparu…

Sur ce site, plusieurs articles sont consacrés sur cette période.

• Entre Espoir, Résignation, Méfiance, Résistance

D’après Henri Amouroux : « il y a eu 40 millions de Français pétainistes en 1940 qui sont devenus 40 millions de gaullistes en 1944 ! ».
 

Nous pouvons aussi relater la présentation que fait Henri Frenay, cofondateur du mouvement de résistance Combat et futur Compagnon de la libération, dans une lettre de mars 1944 à une personne de l’entourage de de Gaulle à Londres pour expliquer la situation des Français (Une jeunesse française, page 586) :
« Le drame de la France a fait que des hommes honnêtes et désintéressés ont cru, pendant un certain temps, au maréchal Pétain et ont placé en lui leur confiance. Sans doute ont-ils été trompés, mais ils ont été trompés sincèrement et, s’ils ont fait une erreur, on ne peut pas leur imputer comme un crime. Or, vous savez comme je le sais moi-même, que l’immense majorité du peuple français, pendant plus ou moins longtemps, a fait confiance au maréchal Pétain. Vouloir refuser systématiquement de faire route avec ceux-là n’aboutirait, en définitive, qu’à isoler une poignée d’hommes de la nation. C’est donc vers une politique d’union et d’union sincère que nous devons pencher ».

Nous retrouvons cette évolution chez les habitants de la commune d’Étoile-sur-Rhône. En réalité la grande majorité s’est réfugiée dans l’attentisme au moins jusqu’en 1943. Une centaine d’anciens combattants 14-18 ont espéré que le Maréchal, qui avait si bien réussi à Verdun, pouvait, peut-être, être une solution, ne disait-on pas qu’il jouait double jeu ?

De nombreux maréchalistes sont des antiallemands convaincus, l’occupant est et reste l’ennemi. La première période est la prudence, la population s’adapte aux nouvelles règles décidées par l’État Français, avec plus ou moins de zèle, quelques habitants s’engagent résolument dans la voie de la collaboration.

1943, le vent dans la vallée du Rhône change de sens et devient incertain, il colporte de plus en plus les idées de De Gaulle qui sont portées aux oreilles des Étoiliens. Il y a ceux qui persistent dans la voie tracée par Pétain, ils ont encore confiance au Chef, il saura trouver une solution comme à Verdun, mais il a 87 ans. Ils y a ceux qui, avec audace, s’organisent, créent des groupes qui se reconnaissent et préparent déjà demain. C’est le temps de la prudence et de la méfiance.

1944, la vie devient de plus en plus difficile, la Résistance fait parler d’elle, il faut se positionner et prendre des risques, c’est la naissance de groupes armés de la Résistance. Et comme la plupart des Français, il y a ceux qui attendent des jours meilleurs, s’adaptent au jour le jour, et quand c’est possible tirent profit de la situation. Mais comme nous pouvons le constater, l’engagement de personnalités, nées à Étoile, a largement dépassé le cadre communal.

  • Cité rurale Compagnons

    La Compagnie d’Étoile est le première compagnie rurale des Compagnons de France : « Ils ont trouvé dans ce cadre villageois l’ambiance nécessaire à la réussite de cette entreprise ».
  • Opération Overlord

    Pendant que se déroulait la formidable « Opération Overlord » à laquelle participait la France avec les bateaux et les fusiliers-marins des Forces Navales Française Libres que se passait-il en France et en particulier à Étoile ?
  • La 4ème Compagnie FFI de la Drôme

    La 4ème compagnie était composée de 132 membres au 6 juin 1944. Volontaires recrutés principalement à : Étoile, Portes-lès-Valence, Beaumont-lès-Valence, Montoison, Petits-Robins (commune de Livron).
  • La tentation du lapin

    Marcel Édouard Mounier, est né le 3 avril 1921 à Étoile. Ces parents sont agriculteurs dans cette même commune. Pendant la période 40-44, il participe aux Compagnons de France, aux chantiers de jeunesse, membre de la 4ème compagnie FFI, il est arrêté et transféré en Allemagne comme « travailleur volontaire ».
  • 6 juin 1944 à Étoile

    En ce lieu, le 6 juin 44, lors d'un premier combat pour la Liberté, sont tombés au champ d'honneur, Michel RIORY, Jean DURAND, appartenant à la 4ème compagnie des FFI
  • Août 44 à la Poulate

    Le témoignage ci-dessous est signé de Rambert GEORGES, habitant la ferme de La Poulate. Le mois d’août 1944 n’a nul part été simple mais encore plus difficile pour la population habitants de part et d’autre du Rhône.
  • Journal du la 4ème Compagnie

    Suivant la place prise entre juin et août 1944, acteurs ou simples spectateurs, les témoignages sur le déroulement de la Résistance à Étoile-sur-Rhône ont plusieurs visions.