Dès 1940, la commune connait les bombardements de l’armée allemande qui ne font pas de victime, c’est la commune de Portes-lès-Valence qui était visée. En juin, les familles sont informées des premières victimes de la guerre, morts sur le front : Georges Lièvre, le 30 mai 1940 ; Paul Montellier, le 7 juin 1940 ; Henri Bois, le 12 juin 1940 ; André Jacquamet, le 19 juin 1940 ; Julien Clair le 20 juin 1940.
Et puis, c’est la débâcle qui assomme toute la population, suivie par l’armistice le 22 juin 1940. L’armée allemande bute sur la rivière Isère et s’arrête à Romans. On retient son souffle.
On se serre un peu pour faire de la place à quelques familles lorraines que la guerre et l’annexion de leur région ont jeté sur les routes en direction du Sud.
On cherche les rescapés, ceux qui reviennent ou donnent rapidement signe de vie, et les nombreux prisonniers qui laissent les familles de longs mois dans l’incertitude.
La vie reprend son cours.
Les paysans, les plus nombreux sur la commune, n’ont pas suspendu les travaux des champs, les premières moissons ne peuvent attendre quelle que soit l’évolution de la guerre et de l’occupation. On s’entraide. Par exemple au quartier des Josserands, Marie-Louise Bois reste deux ans sans nouvelles de son mari Henri, (la commune est prévenue de son décès qu’en mai 1942), Paul Verd, paysan voisin, et son garçon de ferme André Monteillier vont l’aider pendant cette période, jusqu’à ce que Marie-Louise décide de vendre.
Aux premières décisions du gouvernement qui s’est engagé à payer un lourd tribut aux vainqueurs, les fermes préparent leur résistance.
Il n’y a aucun signe qui dit que la population d’Étoile a souffert de pénuries alimentaires. Les fermes nombreuses, les lopins de terre que cultivent les ouvriers, employés et artisans, et ici et là, quelques poulaillers et clapiers, permettent de passer les moments difficiles. Ainsi que les cours d’eau : le Rhône, la Véore et autres ruisseaux assurent un complément non négligeable à ceux qui pratiquent la pêche.
À Étoile-sur-Rhône, nous retrouvons, comme dans beaucoup de villages ruraux, des pétainistes, mais peu s’en vantent. Des maréchalistes, qui ont connu la guerre de 14-18, plus nombreux, que l’on retrouve dans la Légion française des Combattants (170 adhérents en 1941). Ils ont confiance au Maréchal qui saura bien sortir le pays de cette situation. Ce sont les plus zélés de la Révolution Nationale que l’on retrouvera en 1944 dans la Résistance armée.
La paroisse catholique, qui représente une grande majorité de la population, donne le ton. L’organisation de la kermesse, et pendant les deux premières années 1941-1942, fait référence au Maréchal, « elle est tout à fait dans la pensée du Maréchal et des organisations des fêtes qui, dans la France entière, vont se célébrer ce jour-là ».
Une grande majorité de citoyens attendent de voir avant de se déclarer et quelques-uns, peu nombreux, qui refusent la défaite et la politique du nouveau gouvernement, commencent à tisser des liens, et par leur opposition discrète, aident ceux qui refusent le STO et préparent la Résistance.
La légion Française des combattants, les Compagnons de France, ces deux nouvelles organisations s’engagent dans la Révolution nationale chère à Pétain. Collectes pour les prisonniers, quêtes pour le Secours national et l’organisation de fêtes, conférences, de rassemblements à de multiples occasions.
À partir de 1943, la zone dite « libre » est occupée par l’armée italienne, puis par l’armée allemande. Le temps tourne, on rentre la tête, quelques « collabos » donnent de la voix. Discrètement, chacun à sa manière, cherche comment rejoindre, sans prendre de risques, ceux qui, depuis des mois, font entendre une autre version de l’Histoire.
Et le 6 juin 1944, jeunes et moins jeunes qui s’entrainent depuis quelques mois à démonter et à remonter les armes sans pouvoir tirer un seul coup de Sten, se lancent dans la Résistance armée sous les ordres du Docteur Jean Planas. Période dangereuse où il faut encore subir la loi du plus fort.
À la libération, presque tout le monde est content. Il y a bien un couple, qui disait, haut et fort, leurs préférences pour les Allemands, qui a subitement disparu…
Sur ce site, plusieurs articles, témoignages, sont consacrés sur cette période.