L'école de la Gare

Étoile-sur-Rhône

Construction de l’école au quartier de la Gare

Ecole de la Gare  

La construction de la nouvelle école adaptée aux besoins de la commune et aux enfants n’est pas sans réaction de la part de ceux qui, par nostalgie ou par intérêts, freinent des quatre fers.

Depuis de nombreuses années la préfecture de la Drôme et l’académie insiste pour que l’école de La Paillasse soit fermée.

Déjà 1914, la rentrée d’octobre n’a pu se faire normalement. Mlle Blache, seule institutrice titulaire de l’école, est en arrêt maladie grave de longue durée, maladie que les parents supportent pendant de longues années pour ne pas faire du tort à l’administration ou à l’institutrice.

Faute de remplaçante, les enfants du hameau de La Paillasse et des alentours sont privés d’instruction et des soins qui vont avec et il leur est impossible de fréquenter une autre école, soit l’école des Josserands ou l’école du Bourg, qui est à plus de trois kilomètres, surtout en hiver où les distances sont beaucoup plus longues et il y a suffisamment d’enfants au hameau de La Paillasse pour maintenir l’école. Opposition du Conseil Municipal  -le maire est Jules Bellier -  à la fermeture définitive, au moins conserver une classe enfantine !

Cette école est dans des locaux privés appartenant à Mme Berthe Pottu, loués par la commune. Le Conseil Municipal demande au préfet de la Drôme d’ordonner la réouverture de l’école.

Mais c’est l’inspection d’académie qui est réticente à la réouverture car située sur la route nationale de Paris à Marseille, il y a danger pour les enfants étant donné la circulation des automobiles.

Le Conseil Municipal rappelle que c’est sur l’insistance de l’inspection académique que la commune a effectué des travaux d’agrandissement en 1906 et qu’elle s’est engagée auprès de la propriétaire pour un bail de 15 ans qui se termine le premier janvier 1922.Ecole de la Gare

L’école accueille actuellement 35 élèves dans une seule classe mixte, l’effectif était même supérieur avant l’arrivée de l’institutrice titulaire actuelle dont la maladie fait craindre aux parents des dérapages, l’institutrice est à l’hôpital de Privas.

Toutes les demandes de réouverture de l’école de La Paillasse restent vaines, le préfet maintient la fermeture définitive. La commune n’a pas les moyens de construire une nouvelle école, maintient sa demande de réouverture et obtient une nouvelle enseignante, Mlle Clément, après plusieurs années de fermeture. Un nouveau bail est signé avec Mme Pottu qui mène jusqu’au 1er janvier 1931.

En 1935, nouvelle demande de l’inspection académique pour la construction d’une nouvelle école. Le conseil municipal met la question à l’étude…

L’année suivante, c’est Mlle Michon qui assure l’instruction, à cette occasion la municipalité effectue des réparations dans l’appartement et un nettoyage en profondeur.

L’étude d’une nouvelle école à La Paillasse traine… Le bail est reconduit pour une durée de 3, 6, 9 ans.

Pas de soucis pendant la guerre, les administrations ont d’autres sujets plus importants. Après la guerre, les immeubles à réparés sont nombreux et le projet d’école peut attendre.

Ecole de la Gare  

En 1953 - le maire est Adrien Marchal - le Ministère de l’Éducation nationale lance un concours pour la réalisation d’écoles types qui doit satisfaire une commande groupée par département avec un architecte (M. Goldfard de Valence) et une entreprise (Molinari-Joubert et Cie) pour chaque département. Étoile s’inscrit dans cette démarche et opte pour une école mixte à deux classes et deux logements d’enseignants, plus les dépendances : préau, sanitaire… L’école actuelle de La Paillasse ne permet pas d’agrandissement et aucune modernisation de la classe et du logement de l’enseignante n’est possible. La sortie des élèves se fait par des escaliers qui donnent directement sur la nationale 7, donc très dangereux. De plus le trafic des poids lourds est de plus en plus intense à cet endroit où la route est rétrécie, le bruit rendant difficile l’audition du maitre qui doit animer une classe de quarante élèves de tous les niveaux.

Sans tarder, la municipalité recherche un terrain.

Cinq terrains sont visités. Le terrain du quartier de la Gare offre plus de possibilités, il n’est pas coincé entre la Nationale 7 et la voie ferrée comme trois des autres terrains proposés, plat et surélevé il ne peut être inondé par les crues de la Véore comme le quatrième terrain. Situé à 1 200 m de l’école actuelle de La Paillasse, il permet aux enfants de se rendre à la nouvelle école sans avoir à traverser la route dangereuse. Quelques enfants se rendant à l’autre école du hameau des Josserands pourront être acceptés dans l’une des nouvelles classes.

Ce terrain pourra accueillir si nécessaire une cantine et un plateau d’éducation physique. De plus le quartier la Gare doit se développer car il est prévu de nouvelles constructions et même de nouvelles usines, une troisième classe sera possible. Il est de bonne administration de prévoir les possibilités d’agrandissement, indique l’inspection académique de la Drôme.

Cette décision ne fait pas unanimité parmi la population du hameau de La Paillasse. Une pétition est organisée avec soutien de l’Association Familiale d’Étoile qui obtient plus de vingt-cinq signatures de familles représentant quarante-sept enfants pouvant fréquenter l’école de La Paillasse, dont la propriétaire des locaux qui sont loués à la commune et quelques conseillers municipaux. Cette protestation est remise au maire qui ne donne pas suite. Les pétitionnaires interviennent auprès du préfet de la Dôme, de l’inspecteur académique, puis auprès du député. Après étude approfondie par une commission départementale qui s’est rendue sur place, en prenant en compte l’évolution des effectifs et des déplacements des enfants, constate que seul le terrain proposé par la municipalité au point de vue de l’hygiène, de la sécurité des enfants et qu’au point de vue de la construction, il est celui qui exige les frais d’achat les moins élevés et les frais de construction le plus réduits. Le choix de la municipalité est conforté par le préfet et le député.

Le Conseil Municipal entérine définitivement ce projet le 28 novembre 1954, à l’unanimité des présents.

La gémination, dans le cas de plusieurs classes, consiste à définir des classes mixtes (garçons et filles) de même niveau, pour une meilleure répartition entre les maitres. En pratique, c’est une institutrice qui s’occupe des plus petits, filles et garçons, et un instituteur pour les plus grands. Dans le cas de l’école de La Paillasse garçons et filles sont dans la même classe.

Si la gémination est supprimée, il faut prévoir deux groupes scolaires avec une classe unique dans chaque école : l’un pour les garçons, l’autre pour les filles avec séparation des cours, des sanitaires, des jardins d’expérimentations différents… C’est la position que soutiennent l’Inspection Académique, donc le Préfet.

Ce débat dépasse les soucis de la municipalité. La classe de l’école de La Paillasse est mixte, et la municipalité ne comprend pas pourquoi cela serait différent pour la nouvelle école.

L’architecte rappelle les directives ministérielles concernant le concours d’écoles prototypes à commandes groupés : Il était clairement exprimé que toutes ces écoles de 1, 2 ou 3 classes étaient des écoles mixtes, par le fait même que toutes les écoles ne comportaient qu’un seul préau, mais comportaient par contre des W.C. distinct pour les filles et les garçons. Les architectes participant au concours n’ont pu que se conformer strictement aux conditions imposées. On devait donc conclure que le ministère prévoyait la construction d’écoles mixtes.

Et l’architecte poursuit ? Dans les conditions actuelles vous avez le choix :

De maintenir le projet de construction d’une école prototype.

De prévoir la construction de deux écoles, une pour les garçons et une pour les filles complétement distinctes et dans ce cas il faut abandonner la possibilité d’utiliser le projet prototype.

Changement de préfet et changement de position. Le nouveau préfet soutient le projet prototype, donc des classes mixtes et l’inspection académique s’en remet au ministre.

Le temps passe et c’est en début 1957 que les travaux peuvent commencer et construire une école mixe à deux classes.

Il faudra attendre encore quelques années pour que la mixité s’installe définitivement dans toutes les écoles de France.

Les archives départementales de la Drôme : Peuple libre, Dauphiné libéré, Le Progrès, Ministère de la reconstruction

Les archives communales d’Étoile-sur-Rhône : comptes rendus du Conseil Municipal

Photographies de Michel Chaudy

Date de dernière mise à jour : 28/01/2023

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