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Ce blog a pour but de rassembler des informations d'actualité sur les sujets de recherche traités sur ce site : Boimondau et les communautés de travail, les Compagnons de France (association 1901, 1940-1944) Étoile-sur-Rhône, ...

  • 80 ans : Un nouveau venu : Marcel Mermoz

    80 ans : Un nouveau venu : Marcel Mermoz

    Marcel Mermoz arrive à Valence le 29 mars 1943, il a été libéré la veille du camp de Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn) dans des conditions pas très claires : Marcel Barbu, de passage à Vichy, a fait envoyer au directeur du camp un ordre de libération immédiat. Le directeur s’exécute puis doute, mais trop tard, Marcel Mermoz est dans le train. Il faut le rattraper !

    Cette petite péripétie n’aurait pas eu lieu sans la rencontre entre les deux Marcel en décembre 1942 et cette rencontre n’aurait pas pris autant d’importance si Marcel Mermoz n’avait ne s’était pas décidé à rejoindre la communauté.

      

    Voici l’histoire des 28 jours que Marcel Barbu a passés Saint-Sulpice.

    Tôt le matin du 23 novembre 1942,  les compagnons de l’usine de Marcel Barbu manifestent à la gare de Valence au passage du train venant de Fort-Barreaux et emmenant Marcel Barbu à Saint-Sulpice.

    Marcel Barbu arrive en soirée au camp de Saint-Sulpice.

    Il lui faut quelques jours pour s’installer, fait connaissance avec l’organisation du camp, retrouver quelques catholiques, et les entrainer dans la prière. Il est hors de question que ce séjour se traduise à une période de vacances, comme beaucoup qui attendent, espèrent leur libération.

    Marcel Barbu a remarqué, en se rendant au lever de drapeau dans la cour d’honneur, obligatoire pour les nouveaux arrivés, une petite chapelle et à chaque fois il se heurte à la porte fermée sur laquelle est inscrit « Bibliothèque » et les horaires.

      

    Camp de Saint-SulpiceUn matin, il est présent à l’heure d’ouverture accompagné de quelques chrétiens. Étonnement de Marcel Mermoz, le bibliothécaire, qui n’a pas l’habitude de voir un groupe s’intéressait à la lecture, d’ailleurs, passer une journée sans voir personne lui va très bien.

    Accueil froid de ce groupe qui a à sa tête un membre des « Compagnons de France Compagnons de France » que tout le monde sait qu’ils sont proches de Pétain. Ils veulent prier, même qu’ils exigent que la chapelle soit un lieu de prière. Mermoz fort des autorisations du chef de camp pour créer une bibliothèque (des crédits existent pour cela), ne veut pas entendre parler de pratiques religieuses dans SA bibliothèque.

    Marcel Barbu et ses amis ressortent et à genoux devant l’entrée de la chapelle, commencent à prier. Par ce froid, ils vont vite se calmer, pense Marcel Mermoz.

    Ainsi, après la levée des couleurs, chaque matin, le groupe, qui grandit, se retrouve devant la chapelle.

    Un jour, quand ils arrivent par un vent glacial, la porte est entr’ouverte et ils comprennent qu’ils sont invités à entrer. Après la prière, ils se regroupent autour du poêle. Mermoz les houspille et leur dit que la chaleur c’est pour tout le monde. Barbu s’excuse !

    Si le bois chauffe les mains, le regard croisé entre les deux Marcel opère comme un coup de foudre. Les échanges peuvent commencer.

      

    Marcel MERMOZ et Lucien SAMPAIXLes livres, la religion. Issu tous deux de familles pauvres et catholiques, leur rural, l’autre citadin. L’un nourri par les penseurs communistes, l’autre par les versets de la bible. L’un a profité de la vie pendant que l’autre a fondé une famille et a beaucoup entrepris. Et quelle entreprise ! Une communauté d’homme qui se met en marche pour créer une autre société. Mermoz veut convaincre Barbu que cette réalisation c’est du socialisme, du communisme, non, répond Barbu, c’est dans la bible que j’ai trouvé la source, et encore dans la bible que je trouve la force et l’espoir d’aller de l’avant.

    Tous les jours la bibliothèque est témoin des échanges entre les deux Marcel. L’un parlant de boitiers de montre, l’autre de culture et agriculture.

    Là née une l’idée d’acheter une ferme pour nourrir la communauté, et aussitôt Barbu propose à Mermoz de le rejoindre pour prendre la direction de la ferme.

    Mermoz hésite. Depuis l’âge de seize ans qu’il a quitté ses parents, il refuse tout chef : ni dieu, ni maitre. Alors, travailler sous l’autorité de Marcel Barbu ou obéir à des règles imposées par l’ensemble des compagnons ? Un petit lopin de terre, quelques animaux, un peu d’argent pour acheter des livres… son rêve.

    Le 22 décembre 1942, Marcel Barbu est libéré, avant de quitter le camp, il répète à Mermoz sa proposition de le rejoindre à Valence. Rien ne presse pour Marcel Mermoz, il a trouvé sa place dans ce camp, entouré de livres et pas de soucis pour le moment.

    Mais voilà, le camp doit se vider et les occupants seront dirigés vers des destins inconnus. Peut-être la déportation en Allemagne pour travailler. Pour les Allemands qui ont envahi le Sud de la France le 11 novembre 1942  jusqu’ici déclarée zone non-occupée  il n’est pas pensable de nourrir des hommes à ne rien faire quand l’occupant a tellement besoin de main-d’œuvre (mise en place du STO).

    Mermoz se rappelle la proposition de Marcel Barbu, son projet personnel peut attendre.

    Il se rend à l’entreprise des Boitiers de Montres du Dauphiné, Marcel Barbu est absent, il se présente à la secrétaire, il est bien accueilli car sa réputation l’a devancé. Il accroche son manteau au porte-manteau quand on le prévient que deux gendarmes veulent savoir s’il est déjà arrivé.

    Il n’y a pas une seconde à perdre, après quelques brèves explications pour lui indiquer la ferme de Mourras à Combovin, il suit la secrétaire qui l’entraine dans les combles, sort par un vasistas, court sur le toit encombré de son sac, direction Chabeuil. Éviter l’aérodrome occupé par l’aviation allemande, et prendre les sentiers qui montent sur le plateau de Marquet. Sans ralentir Mermoz remplit ses poumons de l’odeur de la campagne et de la liberté.

      

    Une secrétaire cache le manteau que Mermoz a oublié.

    Marcel Mermoz ne quittera plus la Dôme, mais ce sera une longue histoire !

    À suivre

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  • 80 ans : les compagnons sur la voie communautaire

    80 ans : les compagnons sur la voie communautaire

    22 décembre 1942, Marcel Barbu retrouve sa famille et ses compagnons après 2 mois d’internement qui clôturent une année qui a mis à rude épreuve la vie de chacun.

    Pour Marcel Barbu, son rêve communautaire est représenté par la construction de la « chère maison », chant repris lors de leurs rassemblements :

                    Nous l'avons bâtie, la chère Maison

                    Et toute notre vie, nous la protégerons

    1942, c’est le temps pour creuser les fondations, profondes pour une construction solide. Pour la communauté naissante ça se traduire par :

    La formation, la relève, l’internement de Marcel Barbu…

    Et un petit clin d’œil sur 2022, l’aventure continue.

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  • 80 ans… Un trimestre de développement

    L’effectif des compagnons progresse régulièrement, beaucoup de temps passe dans la formation.

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  • 80 ans… de nouvelles embauches

    Dans l’atelier, Marcel Barbu forme les ouvriers à la fabrication de boitiers et Pierrette s’applique au polissage. En septembre 41, de nouveaux compagnons arrivent (peu d’embauche en août) dont certains joueront un rôle important dans la communauté : Raoul Sauron qui sera le fondé de pouvoir de Pierrette Barbu en 1944-45 (quand la famille Barbu se cache à Paris, pendant le temps de déportation de Marcel Barbu). Georges Normand qui deviendra le quatrième chef de la communauté. Où André Gérin et Pierre Goudard qui monteront une communauté de fabrication de boitiers en or.

    À la fin septembre 1941, l’entreprise comprend une petite vingtaine de salariés.

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  • 80 ans… et Marcel Barbu fait encore parler de lui.

    En août 1941, l’entreprise de Marcel Barbu, embauche encore et commence à produire des boitiers de montres pour la société SAPROLIP.

    Bientôt j'aperçois quelques ombres se profiler derrière la cloison vitrée : c'est l'agréable perspective d'un gars qui viendra me tenir compagnie et rompre ce tête-à-tête permanent avec ce jeune patron. Si convainquant soit-il, ça fini par être pesant toutes ces idées sur le métier, la profession, la Société de demain.... J'aimerais bien que ces entretiens soient partagés par d'autres. Encore le témoignage de Robert Brozille, et poursuit : Notre patron tolère quelques insuffisances chez ces nouveaux embauchés, convaincu que la jeunesse aidant, ils pourront s'améliorer et s'adapter aux exigences de la profession ; mais il faut d'abord, à défaut de tout comprendre, lui faire confiance, et cet accord sans réserve, il vient vous le chercher au fond des yeux.

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  • 80 ans : L’atelier de fabrication de boitiers de montres à Valence

    Pour commencer la production de boitiers de montres, Marcel Barbu a fait venir de Besançon quelques machines et des ébauches de boitiers.

    Il faut rappeler que les passages de la ligne de démarcation n’est pas simple, mais nous le verrons que pendant toute cette période difficile les échanges entre Besançon et Valence sont fréquents.

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  • 80 ans : Première embauche chez Marcel Barbu

     

    La première embauche à l'entreprise de Boitiers de Montres du Dauphiné a eu lieu en juin 1941 et le plus simple pour comprendre l’histoire est de laisser la parole à Robert Brozille :

    Y a déjà plus de trois semaines que j'ai quitté l'Armée.

    De retour à VALENCE où j'ai toute ma famille, je cherche un emploi dans les Usines de mécanique de la région. C'est en vain que j'ai visité CROUZET - TOUSSAINT - FAURE PLOUTON, et tant d'autres. Mais j'entends toujours la même réponse : Revenez plus tard, en ce moment il n'y a pas de travail. La mine de mes interlocuteurs ne me laisse que peu d'espoir sur ce "Revenez plus tard".

    J'ai retrouvé quelques-uns de mes copains d'apprentissage qui ont échappé au désastre de Juin 40 et comme moi cherchent un employeur. C'est aussi décevant pour eux et tous n'ont pas la chance d'avoir un père employé au P.L.M. pour pouvoir attendre.

    Certains ont accepté des tâches qui n'ont rien à voir avec leur qualification : travaux de terrassement, goudronnage, etc... Mais il faut tenir car il n'y a pas d'assurance chômage.

    Par chance, un voisin serrurier m'indique qu'une usine est en train de s'installer au 41 de la rue Montplaisir.

    Entreprise BoimondauJe me précipite, et je découvre cette bâtisse en forme de villa dont le pignon fait face à un jardin potager agrémenté d'une jolie treille.

    L'entrée est sur le côté du jardin, avec un modeste portillon de bois.

    C'est dans ce décor champêtre que je suis reçu par un couple jeune, environ 35 ans.

    Je suis surpris par la tenue de ce que je crois être le patron : pantalon court et chemise bleue, large béret incliné sur l'oreille. C'est la tenue des Compagnons de France Compagnons de France. Madame est enveloppée dans une blouse gris-bleu, serrée par une ceinture.

    Ce sont Monsieur et Madame Barbu.

    Nous avons beaucoup parlé à l'ombre de la treille, ou plutôt, j'ai entendu beaucoup de choses, car Monsieur Barbu parle plus qu'il n’écoute... tandis que Madame Barbu, discrètement, m'étudie sur toutes les coutures.

    Mon histoire est simple : l'école, l'apprentissage, l'Armée, et rescapé du désastre de 1940 je cherche du travail.

    Mais pour moi qui viens d'être débarrassé de la tenue militaire, l'uniforme des Compagnons de France m'incite à la plus grande réserve. Pourtant l'homme est passionnant à écouter, son langage simple, direct et convaincant. Il a des projets plein la tête : finie la lutte des classes Propreté, Ordre, Esprit d'équipe sont des mots que l'on n'a pas souvent l'occasion d'entendre de la part d'un patron.

    Mais peu m'importe ce que j'ai entendu ce jour-là de toutes ces idées généreuses.

    La seule qui m'intéresse « Je suis embauché à l'essai ».

    En cet après-midi du 16 Juin 1941, j'ai quelques scrupules à reporter au lendemain mon entrée en fonction.

    Pour bien faire, il faudrait que je commence tout de suite.

    Je n'ai pas encore le virus. Ça viendra plus tard !

    Robert Brozille a beaucoup écrit de nombreux articles dans le bulletin le Lien et plus tard, dans le bulletin de liaison de l’association des anciens.  

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  • La Ruée des Livre à Saint-Ambroix, samedi 29 mai 2021

    Ruée des Livres à Saint-Ambroix, samedi 29 mai 2021 

    Les naufragés du Saint-Didier

        

    Pour la première fois, la parole est donnée aux 250 militaires internés en Turquie en 1941.

    Leur fin aurait pu être plus tragique, et leur vie se terminer dans un cercueil métallique du nom de Saint-Didier.

    Le destin leur a proposé de partager pendant six mois une vie collective, des moments intenses.

    Entre attente et découverte du pays et de sa population auquel ils n’avaient jamais, pour la plupart, rêvé.

    Ils ont passé des moments plus intéressants que de s’entre-tuer.

    Cet ouvrage sera présenté pour la première fois lors de La Ruée des Livres.

     

    Plus d'informations, cliquez sur l'image =>

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