Règle communautaire, la place des enfants

La règle communautaire rédigée par Marcel Barbu doit répondre à une nouvelle organisation de la Société après la sortie de la guerre.

La communauté la plus petite sur laquelle est bâtie la Communauté de travail est la famille. La famille n’est pas définie comme un ensemble administratif avec un chef de famille qui a tous les pouvoirs, mais constituée par un compagnon, qui, avec sa compagne (sa femme, son épouse), ont des enfants. Chacun, à titre individuel, compagnon – épouse – enfants, a une place dans la Communauté, régie par la règle.

Un deuxième point fort, voulu par Marcel Barbu, est que le chef élu de la Communauté, doit posséder, une conception de l'homme, de la vie, de la famille, de la société, et se référer à une morale dans laquelle les membres de la communauté se retrouvent.

Dans l’historique (chapitre I, historique, pages 7 à 10 de la Règle), Marcel Barbu situe la Règle communautaire comme une suite de son expérience de vie personnelle, puis le vécu avec ses compagnons, qui constatent, qu’ensemble, ils peuvent bâtir un nouveau modèle de société.

Boimondau 

L’acte de constatation (chapitre II, page 21), est l’acte officiel de naissance de la Communauté de travail. Un chef choisi, des hommes, des femmes et des enfants, constatent qu’ils peuvent et veulent faire « communauté », et l’officialise au moment où ils considèrent qu’ils sont prêts.

Prêts à travailler ensemble et vivre de leur travail, prêts à respecter une règle de vie qu’ils ont couchée sur le papier, après réflexion et mise en pratiques le temps nécessaires avant l’adoption définitive.

À la fin 1943, trente-six « foyers » constatent qu’ils peuvent travailler ensemble et respecter une règle de vie, ils décident de fonder une communauté, avec un lieu commun : l’entreprise.

Quatorze foyers sont composés d’un membre célibataire, qui est un homme.

Dix foyers sont formés d’un couple, homme et femme.

Huit foyers sont composés de trois membres, des parents et un enfant.

Quatre foyers ont plus d’un enfant.

La communauté est donc fondée par des personnes jeunes : célibataire, couples, et avec un enfant.

Les enfants représentent vingt membres fondateurs.

La première communauté de travail comprend des personnes jeunes et l’avenir leur appartient.

Les épouses qui représentent vingt-deux membres, ne participent pas aux travaux de l’entreprise, sauf Pierrette Barbu qui occupe un emploi, mais beaucoup sont présentes dans les autres activités : à la ferme de Mourras pour les repas, le ménage, le soin aux animaux et le travail des champs. De retour à Valence, elles participent aux formations qui leur sont dédiées, qui correspondent aux activités « traditionnelles » de la femme au foyer : couture, cuisine, etc. ne sont pas oubliées, les formations économiques, de société, car les épouses doivent prendre une part active dans la marche de l’entreprise.

Seuls les compagnons décident en Assemblée Générale, ils ont voté la Règle. Dans l’acte de constatation, sont associés les « Postulants et Stagiaires » comme témoins de la naissance de la communauté, composés de cinquante-six signataires (dont dix demoiselles) ayant moins d’un an d’ancienneté dans l’entreprise.

La Règle prévoit (principes directeurs, page 18) qu’une communauté ne doit pas avoir plus de cent familles pour bien fonctionner, au début 1944, la communauté est composée de moins de cent « foyer » : compagnons et leur famille, postulants et stagiaires.

La famille étant la base de l’organisation communautaire, la place, le rôle, les droits et les devoirs de chaque membre sont définis dans la Règle.

La communauté agit, vit, dans une société imparfaite, la règle corrige, quand elle le peut, la position de chacun sans remettre en cause les lois existantes.

L’expression des familles s’exprime véritablement lors des réunions de quartiers qui groupent 5 à 7 familles, se réunissant chaque semaine, étudient la pratique de la Règle, la marche de l’entreprise, et font des propositions.

Boimondau

La famille s’engage à élever dignement ses enfants, à développer et à épanouir leur personnalité (Morale commune, page 40). En respectant le plus possible les libertés de l'enfant, en le mettant petit à petit en face de ses responsabilités, en le faisant vivre dans un climat de vérité.

L’enfant est membre à part entière de la communauté,

Il est admis qu'un régime communautaire doit valoriser le travail de l'enfant. En conséquence, de lui donner très tôt le sens de la dignité. Ne pas l'élever dans une atmosphère de soumission en lui faisant croire qu'il mange le pain que gagne son père, ce qui est faux. S'il doit de la reconnaissance à son père, c'est, pour d'autres raisons. L'enfant qui fait son travail, gagne son pain.

Il acquiert ainsi très tôt la notion, le sens de l'efficacité du travail. Il n'est pas une bouche inutile. Il ne doit pas son pain à la générosité d'un autre. C'est un homme faible, mais libre.

La famille doit s’intéresser au travail de l'enfant. En effet, les revenus de la famille baissent si l'enfant ne travaille pas bien.

Suivant la conception qu’à la communauté, toutes actions utiles permettant à la société de progresser, sont considérées comme un travail, chaque membre de la communauté doit bénéficier des fruits de l’entreprise.

L’époux travaille au bureau, à l'usine, aux champs ;

L'épouse travaille au foyer ;

L'enfant travail à l’école.

Tous les membres de la Communauté participent aux biens produits dans la mesure des services qu'ils rendent.

Chacun, à sa place, à sa façon, exerce une fonction sociale dans laquelle il est irremplaçable. Dans la mesure où il exécute sa tâche, où il se conduit en "humain" il a droit à sa part de biens.

Nous nous refusons à admettre que ce soit le seul travail de l'homme, du père, qui procure du pain au foyer.

La "masse" nette est répartie entre tous les membres de la Communauté en fonction de leur valeur humaine individuelle. Seuls les enfants en bas âge sont rémunérés par un fixe.

Quand le Règle parle de rémunération, ce n’est pas de « l’argent de poche » donné à l’enfant. C’est, de même pour l’épouse et mère, dans l’esprit communautaire, par le bulletin de paye du compagnon que passe la rémunération du foyer.

Jusqu’à l’âge de 7 ans, l’enfant reçoit une rémunération fixe (page 61).

Au-dessus de 7 ans et jusqu’au moment où il cesse d’être à la charge de ses parents, il est considéré comme « familier », l’enfant a plus d’obligations.

La première, c’est qu’il doit être inscrit à une école, être assidu, et bien travailler. La communauté doit l’aider dans cette tâche.

En dehors du temps scolaire, il doit continuer à se cultiver et à pratiquer un sport.

Il doit aussi participer aux activités sociales de la communauté qui correspondent à son âge, des actions d’entr’aide, aux fêtes… (Page 62).

L’enfant n’étant pas producteur dans l’entreprise, il est rémunéré à la valeur humaine.

Le Conseil général fixe les coefficients de l'enfant en tenant compte des notes obtenues en classes, des matières étudiées, de la tenue, de l'éducation, des efforts, des services rendus. (Page 63)

Si l’enfant continue les études et que c’est justifié, il est rémunéré à la valeur humaine. La communauté prend en charge tous les frais scolaires.

par mois

Bas âge

de la naissance jusqu'à 2 ans …………………………

400

de 2 ans jusqu'à l'entrée à l'école ………………………..

500

Scolaire

de l'entrée à l'école jusqu'à 10 ans ………………………

600

de 10 ans jusqu'à la prise en charge par une nouvelle Communauté

à voir suivant le cas

La Règle, instaurée le 1er janvier 1944, a clairement défini la place et le rôle de chacun au sein de la Communauté. Cependant, cette période de guerre a vu la communauté naissante subir les actions de l'occupant et de la milice, repoussant ainsi la mise en œuvre effective de la Règle.

Au redémarrage à la libération de la Drôme, il faut parer au plus pressé. L'urgence est de générer des revenus pour subvenir aux besoins des familles. La mise en place d'un revenu basé sur la valeur humaine, notamment celle de l'enfant, a donc été partielle et retardée.

Les célibataires se marient, les enfants naissent, ce qui créait un déséquilibre qui aura pour conséquence la non-application de la rémunération des enfants.

Date de dernière mise à jour : 29/06/2025

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