Étoile-sur-Rhône 39-45

Paul Verd, maire de 1944 à 1947

Paul Verd est né à Etoile le 1er septembre 1890, il est fils unique.

En 1914, il est affecté au 11ème régiment du génie. Il effectue son temps de service militaire contre l’Allemagne du 16 décembre 1915 au 24 janvier 1919, entrecoupé de période de maladie. Il est démobilisé le 8 août 1919.

Rentré à étoile, il reprend la ferme de ses parents dont les terres sont toutes aux Josserands. Ce hameau est situé à plus de cinq kilomètres du village, quelques fermes autour de l’école.

La nationale 7 fait comme une frontière, il ne manque qu’une mairie pour faire un village.

Les terres sont fertiles et d’un bon rapport, on y trouve tout ce que l’agriculture peut produire : des arbres fruitiers, de la vigne, des céréales, et un peu d’élevage.

Il se marie à une Ardéchoise, ils n’ont pas d’enfants, peut-être que ceci donne une certaine liberté et le goût du risque. Énergique, Paul donne des coups de mains aux autres agriculteurs, fait partie de la compagnie des pompiers volontaire d’Étoile dirigée par la capitaine Pierre Friquier, passe pour être un marginal dans ses idées : il est militant au parti socialiste.

Extrait de l’ouvrage « Les Compagnons de France du valentinois » Voir

À partir de la fin 1941 il rencontre régulièrement un petit groupe de personnes et participe à des actions de distribution d’information et la fabrication de fausses cartes.

Ce groupe est composé de Fernand Bouchier, du parti socialiste.

Émile Garçon, autre membre du parti socialiste.

Jean Blache, journaliste, future membre du CDL.

Roger Chambrier, adjudant-chef de l’armée d’armistice, membre du Camouflage du Matériel.

Charles Jullian, outilleur à la cartoucherie nationale et syndicaliste à la CGT, qui faisait les liaisons.

Tous ces hommes se retrouvent chez M. Vincent, marchant d’outillage agricole à Valence.

Le matériel d’imprimerie de la Caisse du Travail de Valence est utilisé pour fabriquer des fausses cartes d’identité et des cartes d’alimentation. Paul Verd est chargé de faire passer ces papiers.

Paul Verd est tourné vers Mirmande (plus au sud d’Étoile) et avec l’aide de Charles Caillet, agriculteur et ancien maire de cette commune destitué par le gouvernement de Vichy, René Perrier, instituteur à l’école des Josserands, il place, parfois pour quelques jours seulement, une centaine de jeunes gens. C’est par ce réseau, que Pierre Verd, son cousin, se cache dans une ferme de Mirmande pour ne pas partir au STO (Pierre Verd sera maire de la commune d’Étoile de 1965 à 1977).

En 1942, le jeune André Mantellier,  âgé de 17 ans, vient travailler à la ferme de Paul Verd qu’il connaît depuis toujours car ils sont voisins. Compagnons de France depuis la fin 1940, Paul Verd n’apprécie pas du tout cette fréquentation et lui demande de se retirer. À partir de ce moment, André est chargé de différentes missions sans être totalement informé de ce qui se passe dans la ferme. Un jour il conduit Henri Faye, Compagnon de France aussi, auprès de Charles Caillet, qui doit lui trouver une planque. Ils prennent le car à la Paillasse (hameau d’Étoile sur la nationale 7) jusqu’aux Reys-de-Saulce (autre hameau sur la Nationale 7) et terminent à pieds jusqu’à Mirmande. Parfois se sont des faux papiers, cachés dans ses chaussettes, qu’il livre à la même personne.

André voit quelquefois des allées et venues d’inconnus à la ferme. Souvent, son patron l’envoi faire des travaux dans les champs (travail sur les arbres fruitiers) avec consignes de ne pas revenir de sitôt, il comprend qu’il est mis à l’écart et qu’il y a des choses qu’il ne doit pas savoir.

Ce qui étonne les gens du hameau des Josserands, ce sont les fréquents voyages à Valence. Il arrive que René Perrier ramène de Valence, dans sa vielle voiture, des jeunes collégiens et Paul Verd, qu’il prend place de la République.

Début 1943, deux postes émetteurs sont confiés à Paul Verd, l’un est portatif, l’autre est plus volumineux « il faut une remorque pour le déplacer », ainsi que les deux opérateurs, Poulain et Félix (ce sont sûrement des noms dans la Résistance) qui n’habitent pas sur place. L’émetteur portatif est caché dans la chambre d’André Mantellier, en haut, dans une vieille bâtisse éloignée de la ferme.

À la demande de Paul Verd, André ramène le matériel qui doit servir, mais les émissions radio se passent à un endroit inconnu de lui. Ou alors : « démerde-toi, il faut déménager » ! André comprend qu’il faut faire disparaître l’émetteur.

Fin 1943, il accueille dans sa ferme aux Josserands Fernand Bouchier pendant 3 mois pour le cacher. Si les repas se prennent tous ensemble, il n’y a jamais de discussion sur le Résistance.

Fernand Bouchier est entrée très tôt dans la résistance. Enseignant et fils d’un couple d’enseignants, secrétaire fédéral au SNI, secrétaire de la section SFIO de Valence, il est révoqué par le gouvernement de Vichy le 25 novembre 1940, il trouve un travail aux Assurances sociales (d’où la possibilité de faire des faux papiers), membre du premier conseil municipal de Valence en 1944. (Voir le Maitron).

Il est élu à la fin 1944, en tant que représentant du parti socialiste, président du Comité Départemental de Libération de la Drôme après la démission de Claude Alphandéry.

À la libération d’Étoile, Paul Verd est président du Comité de Libération d’Étoile, qui comprend 14 membres validés par le Comité Départemental de Libération en date du 8 septembre 1944 :

Paul Verd, Albert Barbe, Camille Blache, Georges Dugand, Auguste Jacouton, Édouard Mavet, Marius Paradis, René Perrier, Marcel Pons, Camille Roux, Maurice Sausse, Léon Sibert, Camille Terras, Aimé Vincent. Marius Paradis préside la commission de ravitaillement. À la réunion suivante le 14, participe Jules Bellier Voir qui informe sur les affaires en cours. Il conteste la légalité de la nomination du Comité de Libération d’Étoile confirmé par le préfet de la Drôme le 12 septembre, du fait qu’il n’entraine pas la dissolution de l’ancien Conseil Municipal normalement et démocratiquement élu avant la guerre.

Sans attendre, le Comité de Libération compose le prochain Conseil Municipal de 17 membres qui est proposé à l’avis du préfet : Paul Verd, Marius Paradis, Maurice Sausse, Léon Sibert, Henri Gensel, Fernand Chérion, Noël Guigon, Marius Peyrard, André Maurin, Jean Béranger, Paul Rey, Pierre Laurent, Gaston Mounier, Camille Roux, Camille Servant, Aimé Vincent. Geneviève Gerin, la seule femme proposée n’a pas été acceptée par le préfet qui, le 17 octobre, confirme le nouveau Conseil Municipal.

Paul Verd se présente aux élections municipales les 29 avril et 13 mai 1945, il est élu et repart pour un nouveau mandat de maire.

De nouvelles élections ont lieu les 19 et 26 octobre 1947, il est de nouveau élu, mais malade, il ne se présente pas pour la fonction de maire.

Lors de la première séance du Conseil Municipal, une motion est approuvée à l’unanimité « …d’amicale sympathie à M. Verd Paul, ancien maire, gravement malade et lui souhaite un prompt et complet rétablissement ».

Il décède le 28 juillet 1953 à l’âge de 63 ans.

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Date de dernière mise à jour : 17/11/2023

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