La Chapelle Saint-Joseph à Étoile-sur-Rhône  Étoile-sur-Rhône

La chapelle Saint-Joseph

 

 

 

Avant la construction de la chapelle Saint-Joseph au quartier de la Gare, les catholiques de la plaine d’Étoile, privés de la pratique religieuse de leur culte du fait de l’éloignement de l’église paroissiale et des chemins difficilement praticables,  ont effectué plusieurs démarches qui n’ont pas abouti.

Les cloches de l’église peuvent sonner à toute volée, leurs invitations ne parviennent pas toujours aux oreilles des travailleurs des champs.

Le 1er mai 1867, l’évêque de Valence reçoit une demande de la plaine d’Étoile ayant pour objet « d’obtenir la permission de construire une église au hameau des Josserands pour avoir le culte ».

Les habitants des Josserands demandent à un prêtre voisin d’effectuer pour eux la démarche auprès de l’évêque de Valence : chargé par les habitants de la plaine d’Étoile, mes compatriotes, d’être auprès de votre grandeur, l’interprète de leurs besoins religieux, ainsi que leurs vœux les plus ardents d’avoir une église au milieu d’eux.

Avant de poursuivre la demande, le prêtre précise : il n’y a pas le moindre sentiment hostile au clergé de la paroisse pour lequel ils ont tous la plus grande vénération.

Une bonne partie de ces habitations se trouvent disséminées sur la vaste plaine qui se déroule depuis le Bourg jusqu’aux rives du Rhône qui lui servent de limite au couchant sur un parcours d’environ de 8 à 10 kilomètres. Les limites de la paroisse franchissent le fleuve et quatre à cinq maisons d’habitation se trouvent dans l’ile de Chauvet, non loin de La Voulte.

Cette plaine est traversée du nord au midi par la ligne ferrée un peu au-dessous de la route impériale à trois kilomètres environ du chef-lieu. Cette ligne forme en même temps qu’une barrière infranchissable, une limite toute naturelle pour la formation d’une paroisse, qui aurait pour limites au levant le chemin de fer, au midi la commune de Livron, au couchant le Rhône et au nord le chemin d’Étoile au bac à traille de Charmes.

Le chiffre de la population renfermée dans ce périmètre est d’environ 160 maisons qui doivent former 800 habitants.

…le hameau des Josserands, village composé d’une dizaine de maisons, est à trois kilomètres où se trouvait autrefois une station romaine.

La commune a reconnu la nécessité d’établir une école communale dans ce hameau. Cette classe est fréquentée en moyenne par une trentaine d’enfants qui reçoivent, il est vrai, le bienfait de l’instruction primaire, mais quant à l’instruction religieuse, ils en sont complétements privés.

En attendant, peut-être une réponse à cette demande, la chapelle Saint-Roch au centre du hameau de La Paillasse situé entre le village et la voie ferrée, donc proche des Josserands, appartenant à la famille Thomé, est fréquentée par quelques notables amis de la famille. Ainsi, Élisa Comte, fille du châtelain de Saint-Pierreville possédant une grande ferme au quartier des Basseaux à Étoile, note dans son journal lors de leur séjour annuel : Lundi 12 mai 1862, messe à la Paillasse, dans la chapelle de Mr THOMÉ [Charles Esprit], mais la messe n’a pas lieu, curé Mr L. [Antoine LYON] l’a interdit. Pour nous venger,  faire une pétition pour que La Paillasse devienne une paroisse à part entière… Cette pétition n’a surement eu lieu !

Quelques années plus tard, vers 1880, c’est au hameau des Petits-Robins qui touche les Josserands et qui fait partie de la commune voisine de Livron qu’est construite l’église Notre-Dame de l'Assomption. Depuis, les habitants des Josserands fréquentent cette église.

Le doute n’est pas permis, tout le monde s’accorde pour dire : élus, curé, responsables et bon nombre d’étoiliens sont convaincus que c’est autour de la gare que le village va se développer, pas loin des ateliers de la SNCF de Portes-lès-Valence où de nombreux habitants de la commune y travaillent !

Après la nouvelle école, ce sont des habitations qui sortent de terre, même une nouvelle entreprise, proche de la gare.

Un gros investissement est fait dans la construction d’une bretelle à la voie de chemin de fer avec un quai de chargement pour alimenter le silo à grains construit par monsieur Raoul Ducros.

  

D’autre part, la traversée de la Nationale 7 est de plus en plus dangereuse, les accidents avec des morts sont très nombreux et les paroissiens de la plaine hésitent à monter au village pour les offices religieux dominicaux, sauf pour les grandes occasions : baptêmes, mariages, décès…

Les habitants des hameaux des Josserands et de La Paillasse se tournent vers la paroisse des Petits Robins pour leur participation religieuse et vont sur la commune de Portes-lès-Valence pour s’approvisionner.

Il faut proposer aux catholiques pratiquants et aux enfants des écoles de la Gare et des autres hameaux de la plaine, une salle pour le catéchisme et les réunions, ainsi qu’une chapelle pour se rassembler chaque dimanche et lors des manifestations religieuses.s

Fort de ces certitudes, Maxime Marnas se met en quête d’un terrain, au-delà de la nationale 7, pour éviter au maximum de personnes sa traversée et pas trop cher. Aucun agriculteur ne propose de se séparer d’un bout de leur bonne terre.

Revenons en arrière.

En août 1944, aux environs du 21, pendant que l’abbé Marnas prie pour les deux femmes françaises mortes dans l’accident de la voiture conduite par les Allemands en fuite, l’aviation alliée tente de détruire tout ce qui peut ralentir le retrait des troupes ennemies[1]. Les bombes pleuvent sur les infrastructures allemandes comme l’importante gare de Portes-lès-Valence où sont situées des ateliers de réparation et des réservoirs de carburant. Proche d’Étoile, une bombe tombe sur le café de la gare. Ce café situé au croisement de la route qui monte au village et du chemin qui mène à la gare, près du passage à niveau du côté de la maison du gardien, coincé entre la voie ferrée et la nationale 7, il accueille principalement des personnes de passage.


[1] Pendant les bombardements alliés sur Portes-lès-Valence, 25 bombes sont tombées sur Étoile en ce mois d’août 1944.


Chapelle Saint-Joseph, Etoile-sur-Rhône

Le café appartient à Marie-Jeanne Gonnet (d’Étoile) veuve de Paul depuis 1938. Marie-Jeanne ne peut à elle seule continuer le commerce, elle le met en gérance à Henri Astier. Depuis l’invasion du Sud de la France par l’armée allemande, le café est fréquemment utilisé par les troupes allemandes stationnées au château de La Paillasse réquisitionné depuis le début de l’année 1944. Pendant les alertes signalées par les sirènes, Henri Astier et sa famille rejoignent un abri situé chez des parents à un kilomètre à peine, mais depuis le débarquement de Provence et la remontée massive des troupes allemandes en direction du Nord, le café est souvent utilisé comme lieu de halte et des véhicules ennemis stationnent à proximité. Le jour du bombardement qui doit être fatal pour le café, un camion-citerne rempli de carburant est stationné devant le café. Une bombe tombe à cet endroit détruisant le bâtiment et met le camion en feu. En quelques minutes il ne reste que les quatre murs du café.

Sortant de son abri, Henri Astier voit au loin de hautes flammes et croit que c’est la gare d’Étoile qui est atteinte, se rendant sur place, il ne peut que constater le désastre, tout est parti en fumée.La guerre est finie, il faut penser à reconstruire.

La famille Gonnet fait les démarches nécessaires auprès des services départementaux de reconstruction  pour reconstruire le café, mais les aides souvent promises tardent à venir. Alors, sans attendre, en 1951, elle vend la licence du café à Louis Albert, grand mutilé de guerre, qui obtient l’autorisation de construire, à côté de la ruine et en attendant la reconstruction de l’immeuble qui ne saurait tarder, un baraquement en bois qui sert pour l’habitation de sa famille et le café provisoire.

Le commerce marche bien, il est possible de jouer aux boules les dimanches après-midi et les hommes, jeunes et vieux, y passent beaucoup de temps.

La famille Albert n’a pas de chance, le 19 janvier 1954, soit deux ans après l’ouverture de leur commerce, un violent incendie transforme leur habitation en un tas de cendre. Voilà comment la presse retrace l’évènement : Vers 15h30, un feu de cheminée éclatait dans le baraquement à usage d’habitation et de café, près de la gare d’Étoile, sur la propriété des héritiers Gonnet, et exploité par M. Albert, absent pour affaire à Valence.

Le papier goudronné qui garnissait le toit fut un aliment facile. Le feu se communiqua rapidement, et tout le baraquement fut la proie des flammes.

Quelques femmes, habitantes proches du baraquement, essayèrent de sauver tout ce qui pouvait l’être, que quelques meubles sont sortis de la maison en flamme. Pendant ce temps, M. Ducros fils alertait les pompiers d’Étoile. Ils vinrent en toute hâte, sous le commandement du capitaine Friquier, mais hélas l’eau manquait. Nous vîmes alors le baraquement flamber sous nos yeux.

Du baraquement, il ne reste absolument que des mures et des planches calcinées.

Fort heureusement ce sinistre s’est déroulé en plein jour, et on ne déplore aucun accident de personnes.


Chapelle Saint-Joseph, Etoile-sur-Rhône Mme Albert et ses deux enfants, dont l’un de huit mois, sont sains et saufs.

M. le préfet alerté, s’est rendu aussitôt sur le lieu du sinistre, accompagné par M. Thibaud, directeur des services d’incendie. MM. Raoul Ducros[2] et Vabre, adjoints au maire d’Étoile étaient présents.

Deux jours plus tard, la presse tente de tirer une leçon de cet évènement : Les pompiers d’Étoile, capitaine Friquier en tête font leur devoir. Toutes les bonnes volontés réunies n’y peuvent rien. Hélas, il n’y a pas d’eau ! Pas d’eau dans le puits de la maison, pas d’eau dans celui de la gare ! Les pompiers déroulent leurs tuyaux vers le canal d’arrosage où ne coule qu’un mince filet, puis chez M. Chastan, à près de 500 mètres. Pendant ce temps tout est détruit. L’eau arrive seulement pour noyer les décombres.

  

Derrière le tas de cendre du baraquement au premier plan il y a les ruines de l’ancien café.


[2] Raoul Louis Adolphe DUCROS, né à Étoile en 1896, est négociant en graines, fourrage, laine…, adjoint au maire, puis maire en 1967. C’est son fils Raoul qui travaille avec son père, présent ce jour-là au silo à grains près de la gare, prévient les pompiers.

Ce bout de terrain rassemble maintenant deux ruines calcinées, il n’est plus question de recréer un café bien que la commission départementale de reconstruction annonce que les aides seront débloquées en 1954.

Peu d’étoiliens se souviennent de ce café. La famille Albert n’est pas du village et la gare voit le nombre de voyageurs diminué d’année en année. Le terrain, rapidement nettoyé, et efface toutes traces aux regards et dans les mémoires.

Et pourtant une petite anecdote : une voiture arrive sur les lieux de l’incendie et veut forcer le barrage. Le capitaine des pompiers reçoit vertement le chauffeur avant de s’apercevoir que le passager était le préfet de la Drôme.

La propriétaire, Marie-Jeanne Gonnet a, en août 1954, fait don des biens à sa fille unique Suzanne qui transmet immédiatement l’héritage à ses quatre enfants, dont le dernier Jean-Henri vient d’atteindre la majorité depuis quelques semaines.

Suzanne s’est mariée à Étoile, en 1926, avec Maurice Barbier, le jeune couple quitte  la commune et va habiter en Saône-et-Loire, là où Suzanne a passé toute son enfance, élevée par un oncle qui était receveur des postes à Louhan. Elle revint à Étoile chez sa mère pour chaque naissance, les quatre enfants Barbier sont nés à Étoile.

Les enfants, qui ont peu d’attache à Étoile, mettent en vente les terrains dont celui qui porte les ruines de l’ancien café.

L’abbé Marnas[3] a vent que des terres sont en ventes au quartier de la gare et les paysans du coin se les arrachent : une petite parcelle, coincée entre la voie ferrée et la nationale 7 pourrait faire l’affaire.


[3] Curé à Étoile du 7 juin 1941, jusqu’en avril 1960


Chapelle Saint-Joseph, Etoile-sur-Rhône

Marnas prend contact avec Jean Champel, le maçon qu’il connait bien et qui intervient chaque fois qu’il y a des travaux au presbytère, et depuis l’histoire de la cache d’armes en 1943[4], se sont liés d’amitié. Jean, bon vivant, toujours prêt à raconter des blagues sur ses chantiers, aimait taquiner le Père curé. Marnas appréciait d’autant son ami qu’il ne faisait jamais payer ses travaux : c’est pour mon paradis, lui lançait régulièrement Jean. Et parfois complétait : la dette s’allonge, père curé, elle devient longue, il faudra faire une quête spécialement pour moi… !

C’est dans un camion de l’entreprise Champel que le curé et le maçon rendent visite à la ruine, près de la gare. La ruine n’a pas changé depuis dix ans, les murs sont noirs, l’intérieur est plein de débris et la nature commence à reprendre ses droits.

  

Jean, suivi de l’abbé, fait le tour extérieur, donne quelques coups sur les murs pour sonder leur solidité, lance un regard à l’intérieur mais se garde bien d’y pénétrer. Faisant face au curé et avec des grands gestes, explique : il faudra raser le haut des murs qui ont pris un coup de chaud, le reste des murs est sein. Il y a un gros travail de déblaiement à l’intérieur et les abords sont à aplanir, et toujours avec son air malicieux : pour les travaux je sais que vous saurez mobiliser vos paroissiens ! Un même fou rire lie les deux hommes.

Marnas est satisfait du diagnostic il reste à négocier le prix, ce qui n’inquiète pas les deux hommes, car le curé a une solide réputation dans le domaine de la persuasion.


[4] En 1943, la Résistance avait demandé à Jean Champel de sonder le sol de l’église pour retrouver une crypte, en accord avec le curé Marnas, cette action ne sera pas entreprise.

 

L’affaire est bien menée ! Le projet du Père Marnas, qui séduit les quatre enfants de la famille Barbier, prend un bon départ.

La SCI Stella[5] dont le président est Louis de la Boisse, structure administrative et financière, porte la réalisation de la chapelle.

L’achat se finalise le 14 mars 1956 et avec les encouragements de monseigneur l’Évêque de Valence qui garantit les prêts consentis par des paroissiens, le permis de construire est déposé.

Le curé Marnas s’adresse à l’architecte René Schem qu’il connait déjà depuis son intervention en 1955 lors du remplacement de la grosse cloche fêlée au clocher de l’église.

Après son déplacement sur le lieu de l’ancien café, ayant pris les mesures et listé les travaux de préparation nécessaires avant d’entamer la construction de la nouvelle chapelle, René Schem comprend rapidement les exigences du Père curé : simple, vite et pas cher !


[5] La Société Civile Immobilière Stella a  été créée en 1946 par 6 personnes d’Étoile pour rassembler les locaux de l’école privée.

Capelle Saint-Joseph, Etoile-sur-RôneLa salle du café devient la chapelle. La partie transversale au Nord devient la sacristie et la salle de catéchisme séparées par les sanitaires et une penderie. Il n’oublie pas la construction complète du clocher, et dans sa base le confessionnal construit en « dur ».

Dimensions intérieures de la chapelle : 16 mètres sur 8 mètres. La sacristie : 3,85 mètres sur 3 mètres et la salle de catéchisme : 8,40 mètres sur 3,85 mètres.


Chapelle Saint-Joseph, Etoile-sur-Rhône   

René Schem en abaissant les murs de la ruine et en ajoutant quelques ouvertures pour des vitraux, plus un clocher, et voilà une chapelle.


Chapelle Saint-Joseph, Etoile-sur-Rhône  

Le service départemental de sécurité, oblige que la porte d’entrée s’ouvre sur l’extérieur, contrairement au plan d’origine de René Schem.


Chapelle Sain-Joseph, Etoile-sur-Rhône  

Croquis de coupe au niveau du clocher. On voit dans le cœur l’autel.

Il manque l’emplacement des deux statues : Marie à gauche et Joseph à droite.

  

  

Sans oublier le clin d’œil de René Schem au curé Marnas dans le confessionnal.


Le permis de construire est déposé par la SCI Stella le 3 septembre 1956, l’avis de la commission départementale de sécurité obligatoire pour toutes constructions accueillant du public est donné le 3 novembre 1956, et le maire donne à avis favorable le 29 novembre 1956. On peut imaginer que le maire, Adrien Marchal, a dû croiser souvent le Père curé : la mairie, le presbytère et l’habitation du maire tournent à quelques mètres autour de l’église du village.

L’abbé Marnas aborde le mois de décembre 1956 satisfait des résultats des démarches administratives, les travaux de la chapelle vont pouvoir commencer. Décembre est un mois très chargé et même avec l’aide efficace de son vicaire Pierre Marie Bernard Uzel, Marnas a peu de temps à consacrer à son projet. Les fêtes de la fin de l’année à organiser, la crèche à installer, le nettoyage de l’église avant noël, et les confessions ! Il est sûr de rencontrer de nombreux fidèles, Noël est un jour qui rassemble tous les paroissiens du village et de la plaine. Le Père curé a toujours la chapelle à l’esprit, comme une obsession, il a préparé dans sa tête un petit message qu’il pense placer chez certains pénitents en fin de confession : La paroisse et Saint Joseph comptent sur vous pour réaliser quelques travaux préparatoires avant l’intervention des maçons.

Il s’étant un peu pour répondre à une interrogation ou pour convaincre un paroissien hésitant.

janvier 1957, le curé Maxime Marnas accompagné de son vicaire, l’architecte René Schem, l’entrepreneur Jean Champel et quelques paroissiens se retrouvent au pied de la ruine, maintenant leur propriété. Les plans sont dépliés, les discussions vont bon train accompagnées par de grands gestes pour se faire comprendre et ainsi déterminer ce qui revient aux volontaires et les travaux qui restent au maçon.

L’ensemble des tâches étant bien compris, les équipes de paroissiens peuvent être constituées  et se mettre au travail sans tarder.


Chapelle saint-Joseph, Etoile-sur-Rhône Marnas ne veut pas manquer les premiers coups de pioche donnés par la première équipe des hommes. Il faut effondrer ce qui reste du sol de l’étage et laisser les espaces dégagés.

Monter sur le mur ne rassure pas le prêtre qui entame une prière que les ouvriers reprennent. Le travail peut commencer et Maxime Marnas veut être de la partie.

La première phase consiste à araser les murs à une certaine hauteur pour permettre la reprise de la toiture de la chapelle qui est plus basse que le bâtiment actuel.

En équilibre sur le mur de presque cinquante centimètres d’épaisseur et à l’aide de pics, crics, câbles et masses qu’il faut élancer et frapper fort, le mur se détruit lentement, les gravats tombent soit à l’intérieur, soit à l’extérieur. Les murs extérieurs résistent encore bien, la bombe de 1944 et le violent incendie qui a suivi n’ont pas entamé leur solidité. Ils sont rassurés, ces murs feront de solides fondations pour la chapelle.

Les travaux sont suspendus, une forte crue du Rhône mobilise toute la population qui surveille avec inquiétude la lente montée de l’eau. À partir de début mars, l’eau se retire laissant voir dans les champs de petits étangs et le courant a causé des dégâts dans les champs et raviné les chemins.

Les travaux reprennent, il faut prévoir les ouvertures pour les vitraux, les passages qui permettront l’accès à la sacristie et au clocher, et la porte d’entrée, suivi de la démolition des anciennes cheminées pour laisser les murs nets. Les murs restants forment une dentelle plantée dans les gravats.

Pendant qu’une équipe transporte à la brouette, les matériaux de démolition hors de l’enceinte du bâtiment, quelques volontaires piquent les murs conservés pour permettre l’adhérence des enduits.


Chapelle Saint6joseph, Etoile-sur-Rhône     

Pour finir, le terrassement en rigole pour les fondations du clocher et la réalisation de tranchées pour les évacuations des sanitaires et l’enfouissement de la fosse septique.


Chapelle Saint-Joseph, Etoile-sur-Rhône Les maçons peuvent intervenir.

Jean Champel a prévenu le curé, il veut bien faire un effort financier en tant que paroissiens, mais il ne peut se permettre de réaliser tout le chantier d’une seule fois, il lui faut répondre à d’autres clients pour payer les ouvriers.

En mai, l’entreprise installe les matériels : grue, bétonnière, réservoir pour l’eau, et approvisionne le sable et les sacs de ciment.

Pour consolider sans tarder les murs qui ont subi de nombreux chocs, les ouvriers forment une ceinture en béton ferraillée sur tout le pourtour. Ensuite ils remplissent les trous des anciennes fenêtres et coulent les linteaux sur les nouvelles ouvertures.

 

 


Chapelle Sain-Joseph, Etoile-sur-Rhône Pendant que deux ouvriers montent le clocher, d’autres préparent les murs de refend entre la nef et le cœur qui nécessite l’utilisation de beaucoup de planches de coffrage. Ils sont coulés immédiatement, quelques paroissiens sont venus aider pour  approvisionner la bétonnière et remplir le godet qui pend au bout du câble de la grue.

Le gros œuvre se termine par les deux murets et de l’auvent autour de la porte d’entrée et la réalisation des deux marches.

Les matériaux pour la toiture ne sont pas encore arrivés, l’entreprise Jean Champel s’absente pour un autre chantier, dont Marnas ne sait pas pour combien de temps, et profitant du goudronnage de la place de la Gare et de la route d’accès au quai, l’abbé Marnas sollicite l’entreprise de travaux publics pour, qu’avec le Caterpillar qui est sur place, nivelle le terrain autour de la chapelle. Là encore l’abbé Marnas a su convaincre le chef de chantier à une action bénévole.


Chapelle Saint-Didier, Etoile-sur-Rhône Ce n’est pas le calme sur le terrain de la gare, deux équipes de volontaires, l’une le matin, l’autre l’après-midi, munies de pelles et de pioches, s’échinent à creuser un vaste trou qui servira de puits perdu pour l’eau de pluie et la sortie de la fosse septique. Ce trou ainsi que le creux devant la salle de catéchisme sont comblés par des pierres venant de la démolition des ruines de la place du centre du village. C’est l’entreprise Champel qui réalise la démolition de la maison qui menaçait ruine, barricadée depuis plusieurs années. La tour avec son escalier en colimaçon, en belles pierres, est conservée. La vielle fontaine aux armes d’Étoile est déplacée.

Quelques paroissiens cassent les pierres et les recouvrent de terre pour faire un terrain bien plat.

Avant d’entreprendre le couvrement des bâtiments (les matériaux ont été livrés), Marnas demande que soit installé la croix et la cloche.

Marnas suit les travaux de près

Un clocher mérite une croix et une cloche.

Pour la croix c’est simple. Sur le sol de la chapelle, entre quelques madriers dont l’espace forme une croix, il suffit de quelques ferrailles et du mortier bien vibré pour faire une croix solide. L’entreprise Champel en fait son affaire.

Dans son budget, l’abbé Marnas n’a pas prévu l’achat d’une cloche mais il a une petite idée.

Au village, il y a l’ancienne chapelle de l’hôpital (hospice) qui est laissée à l’abandon, c’est la chapelle Saint-Catherine dont la cloche ne sonne plus depuis longtemps.

Il obtient de la Commission Administrative de l’hospice (réunion du 28 septembre 1956) le prêt de la cloche à condition qui si la chapelle de la Gare devait disparaître, la cloche regagne son lieu d’origine[6].


[6] Pour les membres de cette Commission et la population d’Étoile, cette cloche serait un don de la famille des Poitiers, et même de Diane de Poitiers, ce n’est pas le cas, cette cloche est inaugurée en 1850.


Chapelle Saint-Joseph, Etoile-sur-Rhône   Chapelle Saint-Joseph, Etoile-sur-Rhône

Un clocher mérite une croix et une cloche.

Pour la croix c’est simple. Sur le sol de la chapelle, entre quelques madriers dont l’espace forme une croix, il suffit de quelques ferrailles et du mortier bien vibré pour faire une croix solide. L’entreprise Champel en fait son affaire.

La fixation de la croix au sommet du clocher est une opération délicate que l’abbé Marnas tient à superviser personnellement, il ne la quitte pas des yeux lorsqu’elle se balance au bout du câble de la grue jusqu’à la fixation définitive. Ensuite c’est le tour de la cloche qui teinte tout en s’élevant du sol. Une fois fixée, quelques essais par les ouvriers rassurent le père Marnas.

Jean Champel et le curé Marnas


Chapelle Saint-Joseph, Etoile-sur-Rhône   Chapelle Saint-Joseph, Etoile-sur-Rhône

Dans son budget, l’abbé Marnas n’a pas prévu l’achat d’une cloche mais il a une petite idée.

Au village, il y a l’ancienne chapelle de l’hôpital (hospice) qui est laissée à l’abandon, c’est la chapelle Saint-Catherine dont la cloche ne sonne plus depuis longtemps.

Il obtient de la Commission Administrative de l’hospice (réunion du 28 septembre 1956) le prêt de la cloche à condition qui si la chapelle de la Gare devait disparaître, la cloche regagne son lieu d’origine[7].


[7] Pour les membres de cette Commission et la population d’Étoile, cette cloche serait un don de la famille des Poitiers, et même de Diane de Poitiers, ce n’est pas le cas, cette cloche est inaugurée en 1850.


Avant la pose de la toiture, une dalle est coulée sur l’ensemble du bâtiment. Le vent s’engouffrant par les ouvertures et passant par le sommet améliore le séchage.

Maintenant la toiture peut être posée sur le clocher, la chapelle et la sacristie-salle de catéchisme. C’est ce moment que Monseigneur Soulas vient voir les travaux et complimente les ouvriers.

Chapelle Saint-Joseph, Etoile-sur-Rhône  

Joseph et MarieChapelle Saint-Joseph, Etoile-sur-Rône

Dans le devis initial de la chapelle Saint-Joseph, il n’était pas prévu de dépense pour l’achat d’équipement et de décoration du bâtiment.

La nouvelle chapelle n’a pas laissé insensible Joseph Finaz, étoilien depuis quelques années mais lié au village par sa parenté avec la famille de la Boisse, qui décide d’offrir une statue de Saint-Joseph.

Accompagné de l’abbé Marnas, il rend visite aux sculpteurs Jacques et Suzanne Hartmann[8], dans leur petit atelier à Allex (à quelques kilomètres d’Étoile), c’est un petit local mis à sa disposition par la Congrégation du Saint Esprit dans la maison Saint-Joseph. Marnas pense que Joseph sans Marie est impossible.

La commande est passée le 15 novembre 1957. Hartmann leur propose deux statues de 1 m 25 de haut, l’une est Saint-Joseph ouvrier, l’autre est Notre Dame du Monde Entier, Marie présentant son fils au Monde. Le prix de ces deux statues est de 100 000 F,  Joseph Finaz prend à sa charge la somme de 75 000  F (anciens)  (soit plus de 1 500 € en 2020).


[8] Jacques Hartmann et Suzanne Laurens sont deux sculpteurs qui créaient surtout des œuvres religieuses. Elles sont signées des deux prénoms JS Hartmann.

Leur atelier est situé à Allex (Drôme) et ils ont réalisé plus de 300 sculptures pour le monde entier.


Joseph Guillaume Marie Finaz est né le 16 juillet 1883 à Saint-Chamond (Loire), c’est par sa mère qu’il est parent (éloigné) avec la famille de la Boisse. Il épouse le 24 juillet 1916 à Tunis, Camille Georgina Guillaume, née le 26 mai 1878, au Havre (Seine-Maritime). Ils n’ont pas d’enfant, et ils pensent que c’est le moment de donner une destination à leur épargne. Il a donc 84 ans lorsqu’il décide l’achat de la statue de Saint-Joseph. Pour Joseph Finaz, offrir un Saint-Joseph pour la nouvelle chapelle Saint-Joseph de la Gare est une bonne idée.

Les deux statues sont livrées le 7 décembre 1957, et sont installées provisoirement à l’église Notre-Dame d’Étoile.

Les statues sont très réussies. Dès le lendemain après la messe, la population s’attarde et les commentaires sont admiratifs.

Quelques après jours après la livraison, Joseph Finaz écrit à Hartmann :

« Nous avons admiré le bel ensemble que forme le groupe des statues de Saint Joseph et de la Sainte Vierge composé par Monsieur le Curé dans l’église d’Étoile. Nous avons entendu beaucoup d’éloges de la part des paroissiens sur la grâce avec laquelle la Vierge présente son fils qui avait sauvé notre pauvre humanité.

Madame Finaz et moi formons des vœux pour que, la Providence aidant, des gros propriétaires fortunés d’Étoile offrent à la nouvelle petite église cette belle statue de Marie ; nous pensons que ce saint couple sera le plus bel ornement.

Nous nous rappelons au bon souvenir de Madame Hartmann et nous prions de croire à nos meilleurs sentiments ».

Joseph Finaz décède à Étoile le 24 février 1962.

L’architecte a prévu onze vitraux. Quatre de chaque côté pour éclairer la partie centrale de la chapelle, deux pour le cœur et un au-dessus de l’entrée.

Lors des retraites des prêtres, souvent sont organisées des expositions des métiers d’art religieux et des objets utiles aux activités des prêtres. C’est à cette occasion que l’abbé Marnas rencontre, parmi les exposants un jeune artisan vitrailliste qui a son atelier à Loriol (Drôme), à une bonne dizaine de kilomètres de la chapelle : c’est Jean-Marie Balayn.


Chapelle Saint-Joseph, Etoile-sur-RhôneL’atelier « Le Vitrail d’Art »

Jean Balayan est, depuis sa tendre enfance, attiré par la lumière, qui représente la vie, passion que lui a transmise sa mère. Jouer avec la lumière s’est utiliser les couleurs pour rompre la monotonie et stimule l’envie d’aller de l’avant.

Jean est né en 1923 à Valence (Drôme), son père travaille dans la banque et change régulièrement de poste pour obtenir une évolution de carrière. Les déménagements sont fréquents.

Après son DNSEP Diplôme National Supérieur d'Expression Plastique obtenu à l’École des Beaux-Arts de Valence, suivi de cours d'Esthétique à l'Université de Lyon. Il entre comme apprenti aux Ateliers Thomas, maitre verrier, à Valence. Il fait la connaissance de Ghelfi, ouvrier, qui a plus de vingt ans de métier, avec lequel il s’associe en 1950 pour créer leur atelier.

Jean, auprès de Ghelfi, continue à se perfectionner jusqu’à ce que Ghelfi prenne sa retraite.

Médaille d'Argent de la Société d'encouragement au progrès en 1965,

Intervention aux Beaux-Arts de Saint-Etienne en 73/74 dans l'Atelier Transparence.

Lauréat du Concours National de la Ville de Créteil sur l'aménagement de l'Ormetteau en 1981,

Grand prix Départemental des Métiers d'Art en 1988 (SEMA).

Grand prix Départemental des Arts plastiques en 1989.

Sa renommée s’étend à toute la France. En 2010 il décide d’arrêter son activité mais continue à passer ses journées dans son atelier. Il décède en 2013


Chapelle Saint-Joseph, Etoile-sur-Rhône  

Choix des vitraux

L’abbé Marnas et Jean Balayn se mettent d’accord pour réaliser des vitraux colorés, qui laissent passer la lumière et comme technique d’assemblage du ciment armé qui va mieux car les murs de la chapelle sont en ciment. Les dessins sans thème particulier, laissent libre cours à l’artisan.

Chapelle Saint-Joseph, Etoile-sur-Rhône  

En janvier 1958, le chauffage, donné par la SNCF, est installé par les artisans d’Étoile. La porte principale est posée

Comme si le temps pressé ! Peut-être pour valoriser le travail des bénévoles qui commencent à se lasser, peut-être pour être en phase avec l’ouverture de l’école publique de la Gare en janvier, peut-être pour montrer que cette chapelle est loin d’être terminée et ainsi montrer ce qui manque encore, peut-être aussi pour accueillir Joseph et Marie qui attendent sagement à l’église du village ?

Le curé Marnas décide que c’est le moment d’une première messe pour valoriser tout ce qui a été réalisé et le 1er mai, fête des travailleurs et fête de Saint-Joseph, est le bon moment. Toute la population est invitée le 1er mai 1958 à 17 h.

Les vitraux ne sont pas encore arrivés mais des fenêtres sont installées provisoirement et les murs sont laissés bruts avec encore des traces de suie. Sur l’estrade est installé l’autel et de chaque côté, Joseph à gauche et Marie à droite, dominent l’assistance.

Quand il s’agit de béton, ce sont les hommes qui sont à l’ouvrage, et pour le ménage et le fleurissement de la chapelle, ce sont les jeunes filles qui tôt le matin du 1er mai s’activent pour rendre la chapelle accueillante.

Chapelle Saint-Joseph, Etoile-sur-Rhône  

Le dimanche 8 mars 1959 (jour d’élections municipales), Monseigneur Vignancour, évêque de la Drôme, arrive dès 8h15 à la Cité paroissiale de Saint-Joseph, au quartier de la gare. Les équipes Champel et Friquier ont travaillé dur la semaine passée pour achever la première tranche des travaux. L’équipe Friquier a posé, avec difficulté, le plafond.

L’évêque est accompagné de Monseigneur Soulas, vicaire général et du chanoine Glas, chancelier de l’évêque.

La bénédiction commence par les murs extérieurs suivis des murs intérieurs de la chapelle.

220 paroissiens participent à cette cérémonie.

Le curé présente les raisons de cette réalisation à laquelle les paroissiens ont apporté 1.800 heures de travail bénévole. Ça tombe bien car Saint-Joseph est le patron des ouvriers et des travailleurs.

À 10h 30, l’évêque est accueilli sur le perron de l’église par M. de la Boisse.


Et pendant ce temps, les citoyens votent

La participation n’a pas dépassé 69% des 1553 inscrits, (1069 votants). Une seule liste « Liste d’Union Républicaine et de progrès, sociale et communale », tous sont élus : Paul André, Salomon Brunel, Adrien Chabannes, Jean Champel, Raymond Courtial, Maurice Desbos, Raoul Ducros (adjoint sortant), Roger Fressinet, Pierre Friquier, Robert Giraud, Adrien Marchal (maire sortant), Léon Paradis, Paul Rey, Élie Teire, Denis Vabre (Adjoint sortant), Hubert Vernet.

Comme d’habitude le curé Marnas arrive un petit quart d’heure avant la messe à la chapelle Saint-Joseph. Sous le petit porche d’entrée, deux servants l’attendent. Le curé se dirige vers la sacristie pour se préparer, les servants se jettent sur la corde pour faire sonner la cloche à pleine volée.

Les servants vont à leur tour se préparer en enfilant aube, étendent la nappe sur l’autel, remplissent les burettes d’eau et de vin, suivant la quantité demandée par le curé, qu’ils posent sur un plateau et l’essuie-mains dessus.

Tout est prêt quand arrivent les premiers paroissiens et que la cloche, entrainée par l’élan, donne son ultime coup.

À l’extérieur, le silence revient entrecoupé par les prières de l’assemblée qui s’échappent lors de l’ouverture de la porte par les retardataires restés coincés de l’autre côté de la barrière du passage à niveau ou que le café était trop chaud.

Une demi-heure passe et c’est Louis Robin, le boucher-charcutier du village, qui installe son camion à l’emplacement qui lui est réservé, suivi de l’épicier « Les Docks lyonnais » aussi du village.

Les premiers fidèles sortent quand arrive la jeune fille, habitante de la Paillasse, avec une pile de journaux.

La chapelle se vide, les paroissiennes se pressent vers les camions pour récupérer une commande et quelques produits manquant pour le repas de midi. Elles ne s’attardent pas, la messe à 9 heures du matin facilite l’organisation des repas, même que des épouses du village font le déplacement.

Les hommes, après avoir acheté le journal, se dirigent vers la table, installée par Louis Robin, qui sert de buvette et autour de l’apéritif, comment l’actualité.

Le curé Marnas n’attend pas, il enfourche sa moto et prend la direction du village pour se préparer où l’attendent déjà quelques fidèles pour la messe de 10 h 30.

Vingt ans après la première messe à la Chapelle Saint-Joseph, les messes dominicales sont supprimées, il n’y a plus qu’un curé à la paroisse d’Étoile et ses obligations sont plus nombreuses et souvent en dehors de la paroisse. Il n’a plus le temps !

C’est de même pour le catéchisme et l’utilisation des salles annexes, ce sont les femmes, les mères de famille, qui prennent le relais et les rencontres se font en petits groupes et souvent aux domiciles des animatrices.

Dans un premier temps, les locaux sont mis à nu. Par précaution les deux statues, Joseph et Marie, sont stockées à la cure du village, puis mise à la disposition de l’église de Portes-lès-Valence.

Ainsi les locaux peuvent être loués à une entreprise de construction de bâches pour véhicules utilitaires pendant un an, puis louée à une menuiserie.


Chapelle Saint-Joseph, EToile-sur-Rhône

Vendre la chapelle pour pouvoir installer un chauffage performant à l’église Notre-Dame qui profitera aux fidèles qui la fréquentent encore parait une bonne idée au Père Louis Pouchoulin, dernier curé de la paroisse.

Dure décision pour le conseil paroissial qui ne peut que constater que la chapelle Saint-Joseph n’a pas d’avenir au sein de la communauté catholique. La décision est prise, la chapelle est proposée à la vente au locataire actuel, la Menuiserie Bastien, qui développe une entreprise de pompes funèbres.

Les paroissiens, pas seulement ceux de La Paillasse et des Josserans, qui ont donné beaucoup de temps pour casser les murs calcinés, transporter les gravats, creusé pour les canalisations, répondu aux appels du père Marnas par des prêts d’argent et de dons en matériels, organisé des kermesses, des séances de cinéma et de théâtre, effectué des ramassages des verres, ferrailles, chiffons, etc. n’apprécient pas cette vente, se mobilisent pour sauvegarder ce qui peut l’être.

La cloche est descendue de son appartement par deux paroissiens n’habitant pas la plaine. À l’aide d’un palan à chaine prêté par carrosserie Vincent et en plusieurs étapes, la cloche arrive au sol. Chargée dans une remorque, elle est transportée à la communauté Emmaüs située dans le village. Les paroissiens craignent que la cloche disparaisse (un acheteur aurait déjà fait une proposition) et quelques-uns se rappellent l’origine de cette cloche. Il faut faire vite. Jean Chapelle, encore une fois, est mis à contribution et replace la cloche sur la chapelle Saint-Catherine, comme prévu en 1955 après accord du 28 septembre 1956 avec l’hospice de la commune.

Les vitraux sont descellés un à un et rangés dans un local municipal. Ils n’auront pas le temps de terminer le démontage avant la conclusion de la vente, 3 vitraux restent en place.

Et encore chacun récupère ce qu’il a donné : ici l’échelle en bois du clocher, là, les grosses pierres de meules qui empêchaient le stationnement des voitures trop près du bâtiment…

La croix reste sur place, elle est enlevée par le nouveau propriétaire.

Cette chapelle est arrivée trop tard pour s’ancrer durablement dans le monde en pleine mutation.

Les habitants des Josserands qui pendant deux siècles ont demandé une église, n’ont pas tous changer leurs habitudes de participer aux offices à l’église des Petits Robins.

La construction du barrage sur le Rhône (1961), puis de l’autoroute A7 (1965), le passage du pipeline (fin des années 1960), suivi du contournement de Portes-lès-Valence, a apporté de nouvelles « balafres » dans la plaine de la commune ne laissant que la place à une zone artisanale sans âmes.

Les âmes, c’est bien ce que le curé Maxime Marnas voulait rassembler.

Archives du diocèse de la Drôme :

     Principalement les photos sur la construction de la chapelle

Archives départementales de la Drôme :

     Les plans de René Schem

     La presse, le Dauphiné libéré du 20 janvier 1954 (incendie)

Et beaucoup d’échanges avec les étoiliens

Date de dernière mise à jour : 03/11/2023

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