Parmi les legs, il y a un dictionnaire sur fiches (plus de 32 000 fiches manuscrites) des mots de Loriol, l’œuvre de sa vie, il veut qu’il soit remis à la Société d’Archéologie et de Statistique de la Drôme dont il est membre depuis 1878.
Ces affectations successives dans la Drôme, souvent dans des paroisses traversées par une rivière, lui permettent de découvrir les différents parlers locaux.
Le Rhône lui donne envie de voyager. Il raconte dans l’un de ses poèmes sa mésaventure.
Jeune enfant, il monte dans une barque située sur la rive du Rhône avec l’envie de partir, se laisse dériver sans rame pour se diriger.
La peur le gagne, il s’évanouit, puis s’accroche à la barque comme une bouée.
C’est près d’Avignon que la barque s’échoue, Louis est toujours dedans.
Des mariniers le ramènent dans sa famille très inquiète.
Il publie de nombreux articles et des poèmes dans la presse locale. Il rédige en patois de Loriol des poèmes sur tout ce qui fait la vie du Rhône. Les métiers, les évènements comme les inondations de 1840, des traductions de documents anciens et des recettes de cuisine.
En 1877 la Grammaire dauphinoise et Glossaire du sous-dialecte de Loriol, est couronnée d'une médaille d'or par l'Académie Delphinale de Grenoble.
Il est à l'origine de la création en 1879, à Valence, de l'Escolo dóufinalo dóu Felibrige (*).
Il passe beaucoup de temps à se documenter, à rencontrer la population qui ne manque pas de parler et de transcrire toutes expressions sur des fiches. Il veut faire reconnaitre le patois dauphinois qui est différent du parler provençal. Il ne refuse jamais une invitation, ou parfois s’invite aux nombreuses fêtes agricoles, qui lui permettent de faire un discours en patois, il sait qu’il aura beaucoup de succès auprès des paysans qui ont gardé entre eux la langue de leurs parents. Louis MOUTIER, comme tous les prêtres de la Drôme, est encouragé par l’évêque Mgr CHATROUSSE à s’intéresser aux langages locaux pour s’opposer à la Révolution qui veut supprimer tous les patois. Il reçoit un soutien et les encouragements de l’évêque de Digne, Louis-Joseph-Marie-Ange VIGNE, natif de la Drôme, qui participe lui-même aux rassemblements des Félibres (*) et qui se dit très ami de la langue d’Oc : je vous félicite de vos travaux littéraires… tout ce qui rattache à la terre natale mérite d’être cultivé.