Le temple d’Étoile

Le temple d’Étoile

 

Difficile construction du temple d’Étoile

Il semble que dès les premiers jours de la Réforme, il se soit trouvé des Étoiliens dans les rangs des protestants. Il a même été avancé que plusieurs seigneurs d’Étoile ont été protestants.

                Pour cet exposé, nous n’avons consulté que les documents relatifs aux circonstances de la construction du temple actuel, fruit de la piété et de la volonté de la population protestante d’Étoile, encouragée et soutenue par toute la commune.

Bâti en pierres de Saint-Paul-Trois-Châteaux, le temple d’Étoile est implanté à quelques mètres de l’Enceinte nord-ouest, tout près de l’ancienne porte, CARCAOLLE ou CARCARELLE, sur la pente de la Puya, à l’angle nord-est de la place de la République.

C’est un bâtiment parallélépipédique orienté Nord-Sud, d’architecture sobrement traditionnelle. Les marches qui conduisent au parvis sont en pierre de Montceau.

Le 6 mars 1856, le Conseil presbytéral de Valence signale que les locaux où se passe le culte à Étoile sont insuffisants. Les réunions se faisaient dans une salle du quartier de Vercors et probablement avant, dans une des pièces de l’ancienne école du hameau de La Paillasse. Le temple d’Étoile serait destiné aux protestants d’Étoile (335 en 1851 - 428 en 1856), de Fiancey (Portes) (44 en 1856) et de La Vache (Beauvallon). Une première souscription a été recueillie, elle s’élève à 5.000 F. Il est demandé à la municipalité d’Étoile un emplacement et une subvention - car le temple de Beaumont se trouve à 6 km, celui de Montmeyran à 8 km et celui de Valence à 11 km. Le Conseil Municipal propose le 27 juin 1856 en emplacement du domaine communal dans la partie appelée les Fossés - et vote une subvention de 2.000 F.

Cette parcelle se trouvait en face de la maison de Monsieur Joseph BARBIER. Elle portait le n° 906 sur le plan cadastral.

L’étude du projet est confiée à Mr BERNARD, architecte à Valence et elle sera soumise à Monsieur TRACOL, Architecte du Département.

La première souscription est arrêtée le 16 juin 1837 et s’élève à 5.286 F.

Les protestants d’Étoile refusent l’emplacement « Les Fossés » et se proposent le 18 mai 1859 d’acheter le Clos Reynaud situé quartier de la Croix à Étoile - après une seconde souscription.

Ce projet trop onéreux est abandonné et un nouveau terrain dans le même quartier d’une contenance de 8 ares 50 centiares à l’ouest de la Croix est choisi (délibération du Conseil Municipal le 16 mars 1860). Il est acheté 7.600 F. le 27 avril 1863.

                Après que le Ministre de la Justice et des Cultes ait accordé une subvention de 6.000 Fr. le 28 octobre 1862. En 1863, un devis est proposé. Il s’établi comme suit :

12

Ouvertures à Fr. 100

1.200

700

Mètres bâtisse (angles compris) à Fr. 5

3.500

260

Mètres de dallage à Fr. 5

1.300

260

Mètres de plafond à Fr. 5

1.500

336

Mètres de couvert à Fr. 6

2.016

68

Mètres corniche à Fr. 3

204

70

Mètres galandages sacristies

195

7

Portes intérieures à Fr. 50

350

Chaise et table pour la Cène

600

Escalier Tribune (24 marches à Fr. 10)

240

Dépenses imprévues

675

12.000

Le Ministre de l’Instruction Publique modifie légèrement le projet et ramène le devis à 10.000 Fr. Depuis 1862, les souscriptions s’élèvent à 7.538 F. Le cahier des charges est déposé à la Mairie le 24 septembre 1864.

Approuvé par les différents Ministères, la Préfecture de la Drôme, le Conseil Presbytéral de Valence et la Municipalité d’Étoile, la soumission des travaux est présentée le 4 septembre 1865.

Les travaux ont été adjugés à Monsieur ROUX Jean, maçon à Étoile, Monsieur BARNIER Pierre, entrepreneur à Valence, Monsieur BRESSON Félix, charpentier à Valence.

Le 3 décembre 1865 les murs sont montés et la toiture va être posée.

Mais le 25 janvier 1866, la chute du fronton entraîne la mort de quatre ouvriers du chantier dont MM. CHAMBLARD et AILLOUD.

Les travaux sont arrêtés, une enquête est ouverte. Monsieur BERNARD est acquitté devant la Cour de Valence.

Mais les entrepreneurs interjettent appel et début 1868 Monsieur BERNARD est jugé responsable par la Cour Impériale de Grenoble.

Monsieur BERNARD proteste contre cette décision, fait une nouvelle étude de tous les éléments de construction et cherche une solution qui est présentée au Préfet de la Drôme.

Après la catastrophe du 25 janvier 1866, une modification est apportée à l’architecture et à la construction du mur de façade ébranlé par la chute du fronton : « sur le 1er chef (la pierre de la frise) j’établirai la frise de haute épaisseur sur le mur de 0,50 m… et par suite je supprimerai l’archetrave afin de diminuer la dépense. 

Sur la 2ème question (saillie des corniches) les entrepreneurs avaient, de leur chef, réduit de 0,07 m à 0,08 m l’épaisseur des larmiers formant la partie principal des corniches...

Je réduirai les saillies de manière à faire servir les pierres écourtées par les entrepreneurs.

Les coussinets formant angle seront d’une seule pièce, à soufflet.

Les dessins seront remis à l’entrepreneur incessamment sur récépissé et toutes les pierres seront mesurées et reconnues sur le chantier avant leur levage et pose.

La chèvre d’engin sera interdite pour lever les pierres de la corniche, cette machine cause de fréquents accidents, est aban­donnée pour tous les poids de l’importance de ceux accusés par les pierres des corniches du temple d’Étoile.

(Lettre de Monsieur BERNARD à Monsieur le Préfet de la Drôme le 3 mars 1868).

Les correspondances continuent, puis la guerre de 1870-71 arrive et les projets ne sont repris que lors des réunions du Conseil Municipal les 18 juillet 1871, 18 février 1872 et 2 juin 1872.

Il semble que la catastrophe du 25 janvier 1866 ait tragiquement marqué les esprits.

Une solution radicale semble être le meilleur moyen de sortir de cette angoissante impasse.

À la suite de la délibération du 2 Juin 1872, la démolition de l’ancienne construction, la récupération des pierres de Saint- Paul et le choix d’un nouvel emplacement sont décidés à une quasi-unanimité.

Un nouveau terrain de neuf ares appartenant à Monsieur Marie Antoine MARTIN, situé au bas de l’APPUYA à côté de la remise MARTIN.

Dans sa réunion du 25 Mai 1873 le Conseil Municipal approu­ve le projet de Monsieur EPAILLY, Architecte du Département, qui se monte à 23.800. Après une vente aux enchères sans acquéreur le 3 Août 1873, le 14 Août 1873, le Consistoire de Valence demande au Conseil Général de la Drôme de transmettre une demande de subvention de 9.277 Fr. au Ministère de l’Instruction Publique et des Cultes. Le 5 Décembre 1873, le Conseil Municipal d’Étoile décide d’utiliser les matériaux de l’ancienne construction et d’accepter la proposition d’achat du terrain faite par M. Gustave PIALOUX le 6 Avril 1873 dont le paiement se fera après l’obtention de la subvention.

Le terrain du quartier du Parquet est aliéné, mis en vente, mais « ne seront compris dans la vente tous les blocs Saint-Paul qui sont à pied d’œuvre ».

Le nouveau projet et les nouveaux devis présentés par Monsieur EPAILLY sont approuvés par le Consistoire de Valence.

Ils se montent à 23.800 F.

Monsieur Antoine AUDEMARD, qui vient d’édifier l’église de Charmes, en face d’Étoile, est chargé de la Construction du Temple, sous versement d’une caution de 800 Fr.

Le 8 Mai 1875, le Ministre l’Instruction Publique et des Cultes envoie au Préfet de la Drôme les instructions suivantes : « la hauteur du temple pourrait être réduite au moins d’un mètre, les murs devront être, dans tous les cas, épaulés par des contreforts, le perron donnant accès à la porte d’entrée sera remplacé avec avantage par un escalier droit convenablement étudié et pour la charpente du comble, il faudrait suspendre l’entrait au poinçon au moyen d’un étrier et le relier aux arbalétriers par des toises pendantes ».

Le devis est présenté, après ces modifications, le 28 Mai 1875 au Préfet et le cahier des charges est déposé à la Mairie, le 9 Septembre 1875.

Lors des adjudications le 31 Août 1875, les entrepreneurs demandent une augmentation du devis de 25 %. Finalement Mr AUDEMARD accepte les travaux après augmentation de 5 % (23 décembre 1875) soit 19.197 Fr.

Un devis complémentaire de Mr AUDEMARD le 19 Septembre 1878 atteint la somme de 22.216 Fr. Le 7 février 1879 les travaux sont définitivement reçus et le cautionnement de Monsieur AUDEMARD lui est remboursé.

Comme beaucoup d’édifice, le temple a subi quelques dommages lors du retrait de l’armée allemande en août 1944.

Le 1952, le Service de la Reconstruction n’avait pas encore statué sur les réparations à entreprendre et le pasteur demande à la commune de faire, en urgence, les travaux de mise hors d’eau du temple et de la sacristie en attendant la prise en charge du Ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme (MRU) à titre de dommage de guerre.

C’est Émile CHAMPEL, entrepreneur à Étoile qui effectue les travaux.

Archives du Syndicat d’Initiative d’Étoile-sur-Rhône

Archives départementales de la Drôme

Archive de la Commune d’Étoile-sur-Rhône

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Date de dernière mise à jour : 23/10/2020

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