Etoile-sur-Rhône 39-45

Août 44 à la Poulate

Texte de Rambert Georges

Août 44 à la Poulate

Le témoignage ci-dessous est signé de Rambert GEORGES, habitant la ferme de La Poulate.
Le mois d’août 1944 n’a nul part été simple mais encore plus difficile pour la population habitants de part et d’autre du Rhône.
Les allemands en fuite voulant sauver leur peau, les FFI et l’armée américaine qui bombardent au risque de tuer des civils. Tout cela était le quotidien durant le dernier mois de guerre en Drôme.

Le texte de Rambert GEORGES nous apprend aussi que tout ne s’est pas arrêté le 31 août 1944 et que plus un seul Allemand ne foulait le sol drômois, les derniers essayaient de fuir en se cachant ou attendaient l’arrivée des américains protégés par des habits civils.

Le lecteur peut être surpris par les descriptions parfois « familiales » du texte. Ici et là, il manque un bout d’explication car ce sont des notes prises sur le vif, mais Rambert GEORGES le livre ainsi et propose une note aux lecteurs éventuels. Donc pour vous.
En « italique », le texte de Rambert GEORGES. Les compléments sont en « normal »

Août 44 à la Poulate

Août 44 à La Poulate

Rambert Jean Édouard Charles GEORGES est né le 7 novembre 1911 à Romans (Drôme).
  

Agrégé de Lettres, il est professeur de Lettres au lycée Ampère de Lyon, puis professeur à l'Institut d'Études Politiques et à la Faculté de Lettres de Lyon.
Pour Étoile, il a co-écrit avec Thérèse GAUDENZ une pièce de théâtre : ÉTOILE 89, Scène de la vie d’un bourg du Dauphiné, Étoile en 1789.Août 44 à la Poulate
Août 44 à La PoulateMembre de l'Académie Drômoise des Lettres, Sciences et Arts, il a écrit plusieurs ouvrages.
Ces principaux travaux : La Révolution à Etoile, Chronique intime d'une famille de notables au XIXe siècle
Dans revues de l’Académie : Le général et le prince, en hommage au général Béthouart in n° 7 ; Le mariage de Sabine Odouard in n° 8 ; Victor Hugo hier et aujourd'hui, in n° 9 ; Joseph Chalier, ou les dangers du verbalisme révolutionnaire, in n° 10 ; La Fédération, moment unique dans la Révolution de 89 in n° 11 ; Les paradoxes d'un amour de Swann au cinéma in n° 11 bis ; Si Eloi Albert m'était conté in n° 12, etc.

  

Décédé le 3 mars 2004 à Étoile-sur-Rhône

 

Le lundi 31 juillet 1944

Maman, Mazine, Jeannette, nos trois enfants et moi partons pour la Poulate. Nous avions hésité longtemps à partir, mais ayant obtenu les laissez-passer nécessaires pour la Drôme, ayant retenu nos billets après avoir obtenu des renseignements relativement favorables, nous nous sommes mis en route.[1]

Le lundi à 6 h du matin, une camionnette de l’usine nous emmène. Peu avant Crépieux, un barrage allemand. On fouille nos affaires. Un soldat veut remettre Marc [3 ans] dans la voiture. Il crie. Réaction vive de la maman : « Vous voyez bien que vous faites peur à ce petit » ! Mais la camionnette ne veut plus repartir. Plusieurs vains essais. Énervement silencieux… Nous repartons. Nous sommes à Perrache à 7 h 05. Mazine va enregistrer la bicyclette pendant que nous passons sur le quai. Nous longeons en vain le train sans trouver la voiture n° 2. Finalement, un contrôleur nous apprend que la voiture a été réquisitionnée mais qu’il dispose de deux places. Un wagon composé d’un espace non compartimenté rempli d’Allemands et de 3 compartiments. Maman et Jeannette s’asseyent à la même place. On répartit les bagages dans le filet et on attend.

7 h 45, le train s’ébranle [2]. La gare de Vaise anéantie. Cimetière d’autorails. Aucun bâtiment n’est épargné. Des fers fondus. Nous longeons la Saône, Collonges, Lozanne. Arrêt très long. Manœuvres. On repart par une voie montante très lente. Nouvel arrêt à Tassin. Il est 10 heures. Nouveau départ vers le Sud. Peu avant Givors, grand arrêt. Les gens, les Allemands descendent. Nous étions en état d’alerte. Nous repartons. Entonnoirs dans le sol des derniers bombardements, Mazine croit à des phénomènes naturels. Nous traversons le Rhône à Chasse. Il est midi et demi. Pendant l’arrêt, repas composé de terrine de lapin de chasseur et de tomates, de riz au chocolat. 13 h Vienne, le train fonce à toute allure. 15 h 1/4 nous arrivons à Livron [Drôme]. Nous avons croisé entre-temps plusieurs trains allemands couronnés de feuillages !

En vélo, Françoise [6 ans] en croupe, je pars pour la Poulate. Le vent, le vent nous saisit, nous enveloppe. GRÉGOIRE [3] va chercher en voiture le reste de la famille. Maman et Mazine arrivent à pied à 17 h et demie. Tout le monde a atteint la vieille Poulate. On part au bain. Les vergers de SIBEUD croulent sous les pêches. La tentation est trop forte. Nous sommes dans l’enthousiasme ! Le Vent, le Rhône, les pêches !!!

On nous raconte les incidents survenus. Le jeune R.A [4] arrêté, GRÉGOIRE interrogé, défendu par M. BELLIER [5]. On est sans nouvelles du jeune R.A…

Mercredi 2 août

Pendant que j’étais à Livron, alerte. Les bombardiers tournent dans le ciel, je repars vers Fiancey. De grosses déflagrations. Une fumée noire poussée par le vent du Nord, nous arrive dessus. À la Poulate, Mazine a cru qu’ils étaient sur Livron. Premier départ pour le fossé. Portes [6 ]et peut-être la Trésorerie [7] ont été bombardées. Portes dit-on n’a pas eu de mal.

Nuit du jeudi 3 au vendredi 4 août

Nous sommes réveillés par les sirènes et le bruit des avions. De la fenêtre on aperçoit, vers Valence, les énormes globes de feu suspendus dans le ciel. Jeannette se recouche, les autres s’habillent, je revêts mon pantalon noir. Mazine descend et aperçoit un globe de feu au-dessus de la Poulate. Elle se précipite : sortons vite ! Nous saisissons les enfants et les emportons dans le fossé. Les vigoureuses pétarades secouaient vitres et volets. Françoise s’est attardée à faire pipi. Dans le fossé, nous apercevons les premières lueurs, globes de feu, pétarades vigoureuses. On a l’impression d’être dans l’ouragan. Quelques tremblements. Prières collectives. Le calme renaît. Nous sommes lents à nous rendormir.

Le lendemain, on apprend que Champagnac a été très atteint.

Bombes au sommet d’Étoile, près des POMAREL, JACQUAMET, près des CHABERT. Je passe à Champagnac, la voie a été atteinte en quelques rares endroits

Tante Marguerite, Charlotte et Jean-Jacques  sont depuis samedi aux Robin, inquiets de Jacques rassurés sur tonton qui mange lapins, pigeons et écrevisses dans un château royaliste du Var. Nous prenons le pain à Étoile [8]. L’enthousiasme pour la Poulate ne décroît pas. Depuis Vendredi, on entend des « boum boum » dans l’Ardèche. Chacun adopte pour la nuit une tenue de bombardement. Mazine a une chemise de nuit d’alerte (en même temps, combinaison), Jeannette a préparé tous les souliers dans un sac.

Dimanche 6 août

L’harmonium préludant, les bombardiers arrivent. Pan sur la Voulte [Ardèche]. Je suis avec Marc dans le jardin du curé. La messe commence. Après l’élévation le bruit caractéristique se fait entendre.

Maman reste à l’Église. Avec les enfants, je sors et me mets dans le fossé en face de l’Église. Les petits GRÉGOIRE nous imitent, Hélène s’assied sur une sentinelle. Pan sur Portes, Charmes [9], le Pouzin, les bombardiers passent en vagues incessantes. Au retour nous trouvons le quartier réuni près de l’abri du petit pont.

GRÉGOIRE a nettoyé le fossé. C’est le dernier salon où l’on cause. Françoise prend l’habitude d’y aller à chaque alerte - elles seront nombreuses - avec les petites et Mme GRÉGOIRE.

Lundi 7 août

Pendant que j’étais aux Robins, Livron et le Pont de La Voulte sont attaqués. Je vois les grosses fumées qui s’élèvent.

Au cours de la semaine, il y a des passages d’avions, des bombardements lointains, des alertes, mais rien de très proche. Le mardi, je vais à Valence. L’Abbé REYNAUD [10], cousin de Papa, est en bonne forme. Je suis surpris par l’alerte chez MONDON. Portes que j’ai traversé offre un spectacle lamentable. Partout une poussière grise recouvre route, feuillage, maisons. Beaucoup d’immeubles écroulés. Yvonne est morte.

Madame Micheline CRIMIER exprime le désir de prendre des leçons de latin, anglais, math. Nous nous répartissons la tâche. Grand enthousiasme de Mazine pour l’enseignement des maths, moins grand enthousiasme de Jeannette.

Samedi 12 août

Visite de Georges MONDON, valentinois, un de nos plus anciens amis.

Dimanche 13 août

Un avion, après avoir frôlé la maison, s’abat en flammes dans la grande prairie, après avoir arraché mûriers et cerisiers, franchi le chemin, et arraché les saules. Une demi-heure durant, les explosions se succèdent. On aperçoit des fusées roses. Je pars à Étoile prévenir Mairie et pompiers. L’instituteur des Josserands, Monsieur PERRIER et son frère réussissent à retirer un des trois occupants. L’homme - un lieutenant allemand - est sérieusement blessé, la jambe cassée, une main décharnée, blessures à la tête. On l’a déposé dans le pré. GRÉGOIRE l’a pansé. Les allemands arrivent. Un camion l’emporte vers 11h21. Il mourra en route. Les corps de ses camarades entièrement calcinés achèvent de brûler. Les allemands les gardent. Un camion les emporte l’après-midi. Les restes de l’avion sont abandonnés dans le champ.

Le dimanche peu après midi nous apercevons le bombardement de Crest. L’après-midi, un avion allemand poursuivi par un américain, frôle la Poulate.

Notes :
[1] Rambert Georges a dû obtenir de la mairie d’Étoile un certificat comme quoi il peut héberger sa famille dans sa propriété de la Poulate. Dans sa demande à la mairie, il précise que « je désire faire évacue Lyon à ma femme et mes enfants ».
[2] Un peu plus de 100 km à parcourir en train
[3] Auguste GRÉGOIRE, sa femme, son fils Joseph et ses filles dont Titi (Augusta), sont fermiers à la Poulate.
[4] Voir à la fin de cet article : Albert RÉMY
[5] Monsieur Jules BELLIER est le Maire d’Étoile.
[6] Portes : C’est la commune de Portes-lès-Valence qui touche la commune d’Étoile-sur-Rhône au nord. Il y a une importante gare de triage et des ateliers de la SNCF. Au sud d’Étoile il y a Les Petits Robins, Livron, Loriol.
[7] La Trésorerie est le nom de l’aérodrome de Valence sur la commune de Chabeuil.
[8]  Il y a 6 Kms entre la Poulate et le village d’Étoile-sur-Rhône.
[9]  La Voulte, Charmes, le Pouzin sont des communes de l’Ardèche, rive droite du Rhône, Étoile est en face sur la rive gauche
[10] L’Abbé Hector Lucien REYNAUD, né à Montélimar le 9 novembre 1858. Ordonné prêtre le 11 juin 1881, curé à la paroisse Saint-Jean à Valence, du 1er septembre 1903 au 28 août 1946 (date de son décès).

Mardi 15 août

Jacques est arrivé la veille chez les ROUX. On dit que le maquis descend. Pendant ces quelques jours, notre enthousiasme est un peu refroidi. Nous nous demandons s’il ne faudrait pas repartir pour Lyon. Jeannette est un peu nerveuse. Pendant le repas, les ROUX sont tous venus, vagues de bombardiers.


Août 44 à La Poulate  

C’est le grand bombardement de Valence qui fait beaucoup de morts et anéantit l’hôpital. Les avions visaient le pont, mais l’ont manqué.


Nous jouons au jeu de l’Oie. Les ROUX gagnent. Jean-Jacques attrape la varicelle.

Combats du maquis incessants en Ardèche. Des incendies. Dès 4h. CATHALY nous annonce le débarquement dans le Midi. Il est confirmé le soir par la Radio. Par où passeront-ils ? Discussions sur un départ possible. Nous nous refusons à l’autostop et à la bicyclette. Il nous faudrait une occasion sûre.

Je fais des efforts répétés pour réparer la chambre à air de Françoise. Chaque fois, elle se dégonfle. Pourtant, Françoise fait des progrès. Je la lâche quelque temps. Elle fait des progrès en natation.

Jacques repart le 16 août en auto-stop.

Mercredi 16 août

Dans la nuit, une lueur au Nord. Nous nous rendons au fossé du pont avec les enfants.

La batteuse a commencé vers 6 h. Vers 8 h 30, pendant que les enfants déjeunent, un bruit d’avions, un coup très violent nous fait sursauter. On aurait cru la Poulate bombardée. Marc hurle. Maman en train de nettoyer un coffre au grenier en ressort en hâte. Nous courons au fossé du jardin. De nouveau la Voulte et le Pont de Livron (au chemin de fer) sont visés.

Jeudi 17 août

Voyage à Valence. Le Pont sur la route à Livron a été atteint par le Maquis [[1]]. Les Allemands passent dans le lit de la rivière. L’Abbé n’a pas été très éprouvé. Valence est très abîmée.


Août 44 à La Poulate

  

  

   

[Peu de temps après le débarquement de Provence le 15 août 1944, les armées allemandes sont contraintes de fuirent vers le nord pour éviter l’encerclement, si les armées alliées, déjà aux portes de Paris, atteignent l’Est de la France.

La vallée du Rhône est le chemin le plus rapide, mais c’est étroit.

De chaque côté du Rhône il y a une route nationale, la N85 à l’Ouest et la N7 à l’Est. Et deux voies de chemin de fer. Toutes les routes, chemins sont utilisés pour faciliter la fuite.]


Vendredi 18 août

Nouveau bombardement de Valence vers 9h.

Le Pont sur le Rhône [[2]] est atteint sérieusement. Fin de la batteuse ce matin.

Dimanche 20

Bruits d’avions. D.C.A. Rumeurs. Le matin, le Pouzin est bombardé. Le Curé fait des sermons toujours aussi longs [[3]]. Les réfugiés de Valence sont depuis samedi soir à la Poulate. On voit que les routes sont mitraillées, que le voyage à Livron n’est pas sûr.

Lundi 21

Les nouvelles sont émouvantes. Les alliés ont traversé la Seine. Ils sont à Nantes et Rambouillet. Insurrection à Paris. Ils sont à Aix et au Pertuis. Hier la Suisse nous avait appris la prise de Vichy. Où est le Maréchal ? La fin de la Guerre serait-elle proche ? On se livre à des suppositions sur notre retour à Lyon.

Depuis 8 jours, aucun courrier. Les avions passent très bas.

Rédigé le 21 de 14 h à 16 h.

Lundi soir nous apercevons 4 avions survolant de très bas La Voulte. L’un d’eux pique et tombe. Un incendie immense se déclare. Un train saute et détonne pendant un bon moment. On ne sait si les avions étaient alliés ou allemands. Une pièce allemande tire sur les coteaux du côté de Fiancey et de Saint-Genis. L’enthousiasme décroît. Pendant la nuit, la pièce allemande tire.

Mardi 22

Une grosse pièce tire toujours. On la situe vers Saulce. L’après-midi, nous nous baignons. À 1 h 45 j’apprends la libération de Grenoble. On dit qu’Orange l’est aussi. Après le bain, de grosses détonations sur Valence. On dit que les Allemands font sauter leurs munitions. Le soir, incendies sur le coteau au Nord de Livron. Les réfugiés de Valence couchent à la maison. 3 Allemands passent près de la Poulate. Coup de feu. Je ne vais pas chez BOUIX.

Mercredi 23

J’apprends que M.B., la veille a rencontré les Allemands près de Fiancey. Fuyant devant eux, il est rejoint et arrêté. Sa fille le fait délivrer. Hier, le curé des Robins parti pour Valence est obligé à la Paillasse de donner la sépulture à 2 personnes françaises parties avec les Allemands, tuées en auto par le maquis. On les enterre dans les fossés creusés au bord de la route [[4]]. À 4Kms de Valence, il entend des rafales de mitrailleuses. La 3ème étant nettement pour lui, il s’arrête, se jette dans le fossé. Le camion qui le suivait continue à tirer en le dépassant. Il se lève, lève les bras. On le fouille. Le camion, un allemand et un mongol à l’intérieur, repart. Il doit de nouveau subir le même traitement à cause d’un groupe de cyclistes. Il revient à la Paillasse, où il réussit à conserver sa bicyclette réclamée par un Allemand. Le matin, on apprend que les Allemands sont près d’Avignon, que Romans serait libéré. C’est maintenant, une batterie américaine qui tire sur Livron. Il parait que des tanks venus de Crest tirent sur Livron.

À 13h45, à la radio Suisse, j’apprends que Paris est libéré, que Grenoble est occupée par les Américains. Le matin, on disait que Lyon était en bataille. J’apprends ces nouvelles à ces dames. Émotion. La Suisse envoie un communiqué exaltant la libération de Paris.

Américains à Sens. Déclaration de Molotov sur la conférence de paix. Peut-être démission de PÉTAIN : malentendu ? Le tir semble plus lointain, mais il continue. Il parait que c’est une pièce américaine qui tire sur la route. On dit que dix tanks américains sont venus de Crest. Envoyés par parachutes ? Bref, le tir continu le soir, on aperçoit de la terrasse un incendie sur le coteau au Nord de Livron.

Jeudi 24

La nuit est agitée, chaude, bruyante. Réveil matinal général. Le matin le tir de la pièce d’artillerie est très près.    Parfois, au Nord au lieu d’être du côté du Sud. Des projectiles semblent éclater très près, sur la route de Livron à Fiancey. Nous allons chez Mmes ANTÉRION et FERRIER. On commente les nouvelles. Des Allemands ont été pris, du côté du Calabert. Jeannette n’ira pas se baigner. On dit que les Américains sont à Mondragon au-delà d’Orange. La garnison allemande de Paris se serait rendue. Qu’a fait Jean ? Le soir on apprend que Paris n’est pas libéré. Déception. On raconte que les Américains qui tirent seraient venus par la route des Alpes. On les aurait vu passer par Crest. Cela, si c’est vrai, prouve une conception stratégique remarquable. On dit les pièces américaines du côté de Saulce. Le soir toujours incendie au Nord de Livron.

Vendredi 25

Maman va la Messe. Comme elle n’est pas là, à 9 h 1/4, je vais à sa recherche. Je vois des Allemands passant sur la Route des Robins. Je reviens poser ma bicyclette, je repars à pied. Bientôt maman est là, sans aventure. Le canon tire toujours. Certains pensent que c’est une pièce allemande. C’est peu probable. Hier, nous avons assisté à des bombardements en piqué. Les avions (du maquis) en formation de 6 tournent et puis descendent pour piquer en se laissant tomber. C’est sans doute sur la route du Pouzin. L’après-midi, tirs sur l’Ardèche. Peu de nouvelles au poste suisse ce matin sur le Midi.

Intermède : Marc et Françoise jouent dans notre lit au jeu de la pluie et du tonnerre. Françoise en se baissant et en se relevant fait Ptt, Ptt, pendant que Marc tape de temps en temps du pied dans le bois du lit.

Françoise dit, d’une feuille qui tourbillonne, Oh ! Maman, regarde cette feuille qui papillonne !

En allant au bain, ils se moquent de la Lolo tortillon. Il s’agit de la petite lône en dessous de celle où nous nous baignons. Jean-Luc est pour le moment le plus chéri. Il se lève de son pot en disant. Alà (Voilà, il crie pour se mettre à table : Atta !)

Marc a émis le désir d’épouser Cendrillon. Jean-Luc fait sa prière le soir. Quand sa mère oublie, il réclame en criant Jésus, et en envoyant un baiser. C’est le plus ravi lorsqu’il y a des alertes. Il imite les avions en faisant : Boum ! Lorsque, pendant une alerte Mazine et Jeannette récitent leur Chapelet il les interrompt en faisant Boum !

Malgré la guerre, nous continuons de vivre. Pêche et bains quotidiens. Nous avons fait une neuvaine : récitation du chapelet qui s’est terminée mercredi. Nous continuons cependant.

Samedi 26

Hier soir 5 h, au moment de partir au bain, on voit une fumée s’élever du château de la Voulte. Le soir celui-ci brûle. Il y a aussi d’autres incendies en Ardèche. Chez les SIBEUD, nous assistons à des bombardements en piqué sur la route du Mirailler. On parle d’une bataille acharnée à Savasse, au Nord de Montélimar. Nous allons chez BOUIX. Les Allemands sont dans les environs. Nous écoutons PAYOT. Il y aurait des combats dans les forêts autour de Lyon (?).

Le samedi matin à 6 h 1/4 nous sommes réveillés par des bruits de canon, très proche. Les batteries situées vers Livron ont dû tirer au-dessus de nos têtes sur l’Ardèche. Nous apprenons que Paris est complétement libéré, qu’un armistice y a été conclu, mais que les Allemands avec tanks et chenillettes sont dans le chemin de la Lauze [entre Livron et Fiancey]. Cette nouvelle jette un froid. On dit aussi que les Américains ont été repoussés de Crest et on prétend que les pièces qui tiraient sans interruption ces jours-ci étaient allemandes (?).

La Voulte aurait été reprise hier par les Allemands qui auraient incendié le château. Les camions allemands seraient repartis ce matin après le tir. On entend quelques fusillades en Ardèche. On voit des hommes sur les crêtes des Cévennes. GRÉGOIRE et moi, faisant un plan de repli de la Poulate sur la ligne Calabert-les contrats. Midi, la Suisse annonce que Carpentras, Avignon, Cavaillon, Tarascon sont aux mains des alliés.

Le journal tenu jusqu’ici au jour le jour est interrompu par l’arrivée des Allemands. Il est repris après notre libération le samedi 2 septembre.

Le Samedi soir, on nous apprend que les Allemands vont installer un État-major aux Robins. On est venu chercher le Maire pour les cantonnements. Pendant la nuit, tirs d’artillerie, tantôt éloignés, tantôt proches. Jeannette entend siffler les obus. Nuit fort médiocre. On dort peu, sauf au petit matin.

Dimanche 27

Maman et moi allons à la première messe. Les Allemands sont aux Robins, chez le curé, partout. Tante et Lotte refusent de venir nous rejoindre. Au retour, nous apercevons les camions allemands qui se camouflent le long de la Véore. À 11h une voiture allemande (prise aux Américains), pénètre dans la cour, l’inspecte et repart. Nous étions assis sur le banc des GRÉGOIRE. Des tirs continuent sur la Drôme ? Un peu après plusieurs camions s’installent, se cachent sous les arbres, une voiture sous le hangar, un camion de cuisinier sous le platane, un camion atelier devant la cave, un sous le tilleul, une voiture sur le tennis. Les cuisiniers s’engouffrent dans la maison, prennent possession de la cuisine. Maman retire son gigot ; nous décidons de déjeuner aussitôt pour le sauver. Titi déjeune avec nous. L’atmosphère est à la bonne humeur.

L’après-midi, toute la ferme se replie sur le salon. Les GRÉGOIRE, les réfugiés de Valence, les CHARRIER qui avaient quitté leur maison à l’arrivée des Mongols (ceux-ci ont offert mille francs aux parents pour leur fille). Pendant ce temps, les Allemands ont installé 2 T.S.F., une dans le hangar, une autre chez GRÉGOIRE. Jeudi à minuit elles ne cesseront pas de beugler créant ainsi un état d’énervement pénible. Quelques types, un immense cuisinier assez sympathique prépare ses saucisses sur le fourneau. Sous la véranda le comptable, intellectuel à lunettes que Jeannette prend pour un séminariste. Un cuisinier à sale gueule prépare une salade de citrons et de concombres. L’auto du tennis a comme fétiche une médaille militaire et une petite pipe. Sauf les cuisiniers, ils restent dans le jardin. À 3h ils se précipitent pour entendre les Nachrichten (nouvelles). Ils ignorent les prises de Paris et Lyon. On leur a dit que les éléments américains ont été repoussés à Valence. Quand partiront-ils ? On le leur demande plusieurs fois. Certains signes semblent indiquer un départ, mais finalement, ils s’installent pour la nuit, couchés sur le trottoir. GRÉGOIRE, CHARRIER, COURNIOL couchent à la maison.

La nuit est atroce. Les tirs d’artillerie se font souvent très proches. Les enfants se réveillent en sursaut, Françoise puis Marc. Tous deux s’installent dans notre lit. Quand ils se sont endormis, je vais rejoindre Jeannette dans le lit de Françoise. Vers 3h je descends chez GRÉGOIRE. Un soldat m’arrête, puis me laisse passer. Assis sur le banc. Il pense que nous ne craignons rien de ces tirs d’artillerie destinés à Champagnac (ou plutôt au Mirailler). On s’estime préservés par la Véore. La nuit s’achève. Jeannette s’est installée dans le lit de Marc. Notons que Mazine a bien dormi.

Lundi 28

Vers 7 h. la famille GRÉGOIRE nous apprend qu’il faut quitter la Poulate. Nous sommes repérés ; nous allons être bombardés. Il faut que les femmes et les enfants quittent la Poulate. Maman et moi nous nous disputons pour rester. Il est décidé que nous nous relayerons. Nous devons partir pour le bout de la vigne. Déjeuner en vitesse. Une première caravane conduite par Mazine part. Un peu plus tard Jeannette, Gaby, la remorque, Luc et moi prenons le départ. Les avions apparaissent. Violents tirs très proches. Sommes-nous mitraillés ? Nous nous couchons dans les topinambours. Un bond pendant que les avions s’éloignent. Nouveaux tirs, nouveaux plat ventre. Nous nous installons dans le fossé, au nord de la vigne. Maman effrayée par le tir (tir de D.C.A. surtout) vient nous rejoindre. Je vais à la maison où un nouveau groupe est arrivé. Un officier demande 2 chambres : salle à manger et salon leur sont octroyés. Mazine, Gaby et Lisette préparent le repas dans le petit bois de Calabert. Repas dans le fossé : pommes de terre à l’eau, saucisson, œufs, vin.

L’après-midi, maman et moi, revenus à la maison, nous nous apercevons que la conserve d’œufs a disparu en partie (la moitié). On la cache dans différents placards ou armoires. Les cuisiniers assomment une brebis. On refait la soupe dans le petit bois. Avant le souper, je pars ne sachant pas si je vais passer la nuit à la Poulate ou non. Ces dames insistent pour que je revienne. Vers 8 h. je suis à la Poulate, je dine chez GRÉGOIRE de viande froide et de fromage. Je demande à GRÉGOIRE si on lui a payé sa brebis. Non. Je m’adresse au comptable. Je dois chercher sur un lexique le mot mouton. Je lui dis qu’il doit payer, il me répond : Da ist der Krieg. Très bien, c’est ce que je voulais savoir. Si vous ne payez pas, tant pis. Si vous payez, vous êtes des gens corrects et nous gardons un bon souvenir de vous. Eine gùte erinnerung. Il en référera au Commandant, il est probable qu’ils ne payeront pas. Il demande pourtant le prix GRÉGOIRE le fixe à 800 frs.

Bains à l’Arpie de poule (est une lône au nord du Cul de Veôre). L’après-midi avec Jeannette nous sommes allés chercher le berceau. Nous fermons les armoires à clé, cachons l’appareil. On ne peut surveiller les deux maisons. Mais comme vers 10 heures du soir, tout est calme et installé pour la nuit, je vais rejoindre dames et enfants au fossé, après avoir causé sous la véranda avec un groupe d’allemands et le comptable : Art et Littérature. Il admire Pascal, il est le fils d’un commerçant (de Hanovre) en matériel de bureau. Il aime l’art gothique, me montre des reproductions de la Rosace de Sens. Il admire Platon. Je dis ma profession "Vous êtes un humaniste". Je rejoins ma famille dans le fossé. GRÉGOIRE nous y rejoint un moment : les allemands ont reçu l’ordre de partir et le comptable lui payé 800 F.

Sur ces bonnes nouvelles, la nuit est douce. Peu de tirs d’artillerie. Nous faisons notre expérience de camping, tantôt perpendiculaires au fossé, tantôt au fond. Dévorés par de petites bêtes. Nous sommes entre Jean-Luc et les autres enfants. Plus loin les GRÉGOIRE et les CHARRIER.

Mardi 29

Je vais aux nouvelles, rien de grave pendant la nuit, mais les allemands ne sont pas partis. Le groupe qui devait partir a reçu un contre-ordre, mais les téléphonistes préparent leurs paquets. Maman, Gaby et Lisette viennent faire le café. M. CHARRIER va à Livron. File de camions immobilisés sur la route des Robins. Je passe la matinée au fossé. Maman vient à la maison après le petit déjeuner pour vérifier ses armoires. Tirs de D.C.A. très proches. Est-ce dans la vigne ? C’était en fait à la Poulate que les pièces étaient installées. À la maison j’ai serré la main du comptable en le remerciant. Quand Maman revient apportant de l’eau, je vais à sa rencontre. Avions. Tirs de D.C.A. Nous nous couchons dans les fossés. Maman nous apprend que les armoires ont été fracturées, une partie de la conserve a été prise. Déjeuner : ragoût, œufs durs, saucisson.

Après le déjeuner nous couchons Jean-Luc dans les oseraies. Mazine veut m’accompagner à la maison. Maman s’y oppose. Je suis sur le point de partir quand un groupe d’allemands arrive. Ils font la pause et me retiennent ainsi. C’est alors qu’un bombardement fond sur nous. Des avions avaient été accueillis par la D.C.A. Soudain un sifflement suivi d’un éclatement tout proche. Pendant que Gaby et Mazine regardent la fumée venant de la Poulate, nous nous précipitons vers les oseraies. Un second éclatement aussi proche. Où fuir ? Ils sont sur nous. À la Véore ? À Calabert ? Nous nous jetons vers Calabert en suivant le chemin de halage un peu en contrebas. Nous nous couchons dans le grand fossé de Calabert. Deux nouveaux éclatements sont proches. Je vais chercher Maman en passant péniblement par les oseraies. Celle-ci se trouvait en contrebas de celles-ci. Elle a vu un obus tomber de l’autre côté du Rhône et projeter des branches de peuplier. Je la ramène à Calabert. Nous apercevons René qui nous dit que les obus ont dû tomber au début de l’allée des muriers, mais que le tir s’est éloigné vers Sartre. Il faut fuir vers SIBEUD-VANDESTAIN. Déjà Jeannette et Gaby portant Jean-Luc nous précèdent. Je porte Marc. Fuite le long du Rhône. Arrêt à la maison abandonnée. Nous reprenons nos esprits. Deux Allemands très dégonflés : « les dirigeants allemands sont fanatiques ». Ils s’éloignent vers Valence.

CHARRIER revenu au fossé vers 13h, nous dit que les Allemands sont partis. D’ailleurs toute la matinée la route des Robins fume de la poussière des camions. Parfois des embouteillages. Vers la fin de l’après-midi, nous allons, CHARRIER et moi, à la Poulate. Devant la Poulate, les véhicules, autos, camions, chevaux, fuient à toute vitesse. René dit : C’est Juin 40 sans les civils. Nous rapportons des affaires. Les filles sont arrêtées chez SIBEUD où elles préparent la soupe. Deux voyages pour rapporter notre déménagement. Je laisse ma bicyclette camouflée au bord du Rhône. C’est très tard que nous soupons dans le hangar de MAUDRAND. Chambres ou camping. Nous allons nous installer chez FAILLY (l’ancien meunier, aux Garets), quand la pluie menaçante nous conseille le hangar de MAUDRAND. Nous nous y installons dans la paille.

À la Poulate j’avais sommairement regardé les conserves. Peu de pillages. Mon appareil y est, je l’emporte, le caveau à vins fins a été forcé. Les bouteilles de Ruinart et de Vouvray ont été prises. Mais ils ont dédaigné l’eau-de-vie : les imbéciles : Je confie la clé à GRÉGOIRE.

La nuit, de nombreuses bandes de soldats passent à pied. Un officier accompagné de 2 jeunes femmes réquisitionne la jument noire de GRÉGOIRE et sa voiture. Je demande un papier officiel. Il me le rédige et me tend la main. Je refuse et fais un salut militaire. Heureusement GRÉGOIRE a été défendu par un Rhénan qui a fait les deux guerres, en a assez et se camoufle en civil.

Mercredi 30

Au petit matin, je pars pour la Poulate en émissaire. Maman est persuadée que nous pouvons rentrer à la Poulate. Elle fait préparer tous les paquets. GRÉGOIRE est d’un avis opposé. La fuite allemande continue. Toute la nuit des régiments ont passé. Je vis défiler leur régiment d’artillerie à cheval. Bon ordre encore. Notre maison a été occupée pendant la nuit. Pas de dégâts. On a respecté le salon qui est resté dans l’état exact où il était le mardi matin. Le commandant allemand a dû s’y étendre sur le fauteuil Voltaire. La trace de ses bottes subsiste sur la chaise. Sur la table, près de la fenêtre, sur un petit napperon, 3 tasses, une poire mangée, une bougie sur une assiette. La théière. Cela fait très carte postale historique.

GRÉGOIRE nous raconte qu’une des femmes qui sont passées chez lui a demandé à se laver. Devant la chambre des petites, elle a pleuré. Elle a été réquisitionnée et doit partir avec eux. Plus tard, Mme GRÉGOIRE s’apercevra qu’une bague lui a été volée.

En revenant avec GRÉGOIRE nous avons trouvé des effets abandonnés par un Allemand. Un paquet de café vert, des savonnettes, un pyjama, des lunettes, des papiers. Il a dû être surpris par un bombardement et fuir en vitesse.

Mais où sont les Américains ? Ils ne semblent pas les bousculer beaucoup. Ils passent peut-être par d’autres routes ? Quand arriveront-ils ? Dans la journée, on les dit à 3 km, puis à Loriol, puis à Saulce. Je crains fort qu’ils laissent échapper les Allemands et qu’une bataille sérieuse se livre près de Lyon où il faut forcément que les Allemands passent. Je pense fort que Lyon a dû être repris par eux. Ce dernier jour, peu d’aviation : Pourquoi ?

Le soir, envoyés par S., deux soldats belges veulent qu’on les dirige sur le maquis. Ils ont un mot de S. pour D. Pourquoi s’arrêtent-ils chez FAILLY. Le père S. arrive, saoul comme un pot, arrive en chantant l’Internationale : il y a encore des Allemands dans la maison, sans compter ceux qui y restent pour se livrer comme prisonniers aux Américains. Tout cela nous pousse à coucher non chez FAILLY, mais chez MAUDRAND, avec en plus la peur d’une descente du maquis.

Jeudi 31

La nuit a été très calme. Deux hommes passent après un passage d’avions. Maman pense que ce sont des parachutistes. Vers 7h je pars avec Maman pour la Poulate. Elle fait le café pour les hommes. Je retourne chercher toute la famille. Tout le monde regagne la Poulate. C’est la libération. On prépare le vieux drapeau pour fêter les Américains. Je vais aux nouvelles aux Robins. Tante et Charlotte ont vécu des journées pénibles. Il y a eu un obus dans le jardin qui a cassé une branche (ou plusieurs) du platane et envoyé des éclats chez les MOURIER. Au moins deux obus sur l’église, un a abimé le clocher, l’autre est tombé sur le chœur. La maison du presbytère est criblée d’éclats. Charlotte a un éclat à la jambe. Elles ont passé ces journées dans la tranchée de Vareilles. CHARRIER et moi allons un peu au-delà des Robins vers les voitures américaines que nous ne voyons pas. Le maquis récupère. Il y a du pillage. Un Allemand a offert un cheval à J.J. Ces dames n’ayant pas accepté, MOURIER l’a gardé.

L’après-midi, les prisonniers ont été rassemblés à la Poulate : une vingtaine. Le fils P. arrive sur un vélo avec un grand fusil qu’il échange contre une mitraillette. Une dizaine de prisonniers partent pour les Robins. L’un d’entre eux demande si on ne va pas les fusiller. Non. Arbeiten (travail). Les autres, du côté des ROUVEYROL, enterrent les chevaux, GRÉGOIRE avec son révolver à la ceinture à grande allure. Il envoie promener les maquisards saouls. Parmi les prisonniers, un ukrainien, un peu fou, ne dit rien, ne mange rien, ne travaille pas, inoffensif. Un autrichien qui se rase soigneusement me demande une brosse à dents. Un sanitaire bavard et rasant. Un blessé : un prussien, à moustaches noires, blessé en 40 en France, en 42 en Russie et maintenant il a 3 doigts cassés, la main blessée et une blessure à la cuisse. Le Docteur LOUPI, mandé par GRÉGOIRE vient. Il tient de grand discours, explique que c’est aux F.F.I. à déplacer leurs blessés vers lui. Il demande qu’on prépare une voiture pour le blessé. Quand le domestique de SIBEUD est prêt et que le blessé est déjà sur la voiture, il le fait redescendre sous prétexte que l’on tire sur toutes les voitures sans insigne officiel de la Croix-Rouge. Il enverra une ambulance le soir ou le lendemain matin. La nuit les prisonniers couchent à La Poulate. Nuit paisible et longue.


[1] Le groupe Henri FAURE, chef de la Section atterrissage parachutage (SAP) de Drôme-Ardèche, fait sauter le pont le 16 août 1944, peu avant minuit.

[2] Deuxième bombardement allié qui détruit le pont sur le Rhône à Valence que le premier bombardement du 15 août n’avait pas réussi.

[3] Le curé des Petits Robins, église la plus près de la Poulate, est l’abbé Adrien LOCHE, curé du 3 août 1940 à décembre 1944.

[4] Dans un courrier du maire, Jules BELLIER, les deux personnes sont Madame Yvonne GROS, de Marseille, née le 28 septembre 1917 et de Madame Pauline BECRET, épouse RABIR, née le 24 février 1912, également de Marseille. Ces informations ont été fournies par le colonel Fausen HATUR. Ces morts ont été provoqués par un accident survenu à une voiture allemande dans laquelle ces personnes se trouvaient.

Vendredi 1 Septembre

Maman va aux Robins, supplie Tante et Lotte de venir à la Poulate. Elles ne peuvent venir à cause du curé qui est menacé. On achève le nettoyage de la maison ; on fait bruler les enveloppes de cartouches et disparaitre les douilles. Dès le début de l’après-midi, n’ayant vu venir aucune ambulance, je réquisitionne la voiture de SIBEUD et avec son domestique j’emmène le blessé à Livron. Celui-ci nous a vivement serré la main avant son départ, car Maman l’a pansé. Arrivé sur place, à la mairie, je trouve un chef énergique qui le fait porter chez M. PASCAL. Un ménage très bien. Elle a soigné les blessés. Je le dépose dans l’étude en attendant qu’une voiture américaine l’emmène vers un hôpital. Quelques voitures américaines.

De retour, je repars sur les indications de GRÉGOIRE vers la Massette où il y a un champ de carnage tel que GRÉGOIRE n’en a pas vu depuis Verdun. Je laisse Jeannette et Mazine aux Robins. Je suis arrêté à un barrage F.F.I. après le croisement de la route de la gare de Livron. J’y trouve le gendre de POUCHON  parmi les F.F.I. Je suis refoulé avec MM. JACQUET, PERRIE et un officier polonais réquisitionné de l’armée allemande. Nous faisons un détour. Des cadavres de chevaux, un Tigre (type de char) abandonné. La Drôme, au loin surtout, une file de voitures abandonnées. Nous revenons vers la Massette. Un amoncellement de chevaux morts. Au retour, nous lions connaissance avec Ms PERRIER et JACQUET. Ce dernier faisait partie de la Résistance à Valence. Son chef de groupe arrêté, il s’est replié sur les Josserands. Il m’explique que si PERRIER n’avait pas retiré ses explosifs après le 6 juin il aurait fait sauter le pont de la Véore le vendredi avant l’arrivée des Allemands. Ils, sont sur le point de s’arrêter pour jouer du piano avec le Polonais qui est un musicien intuitif. Nuit calme.

Parmi les souvenirs de Lotte, un prêtre se présentant comme collègue du curé explique à Lotte qu’ils doivent tenir 3 mois avant que les armées nouvelles soient forgées. Alors ce sera formidable. Un autre lui a expliqué comment ils faisaient une trouée pour laisser un passage à leurs troupes à travers les Américains qui les encerclent. Nous sommes alors inquiets pour Lyon. Il est probable que les allemands ont dû le reprendre et s’en faire un passage.

Pillage aux Robins. Le curé proteste. Des femmes ont pillé les cadavres.

Un courrier apporté hier par POMAREL.

Samedi 2 Septembre

Je vais chercher du pain à Étoile. Le maire me raconte que les Allemands ont failli résister le mardi soir à Étoile. Des tanks ont fait demi-tour, des pièces sont installées près de la gare. Le lendemain ils repartent. Beaucoup d’Allemands partent vers Montoison, puis vers Romans ou Châteauneuf. Le journal les Allobroges est affiché. Hier le réfugié de Valence est retourné chez lui. Il a vu l’Abbé REYNAUD qui va bien, nous a rapporté des nouvelles de Valence, où il y a eu peu de prisonniers. Le maquis y est maître : de petits jeunes gens armés. Jean BUCLON est le nouveau maire de Valence depuis samedi. Il nous a remis le journal des Allobroges. Le fonds a changé, mais le style est très P.D. [pédant ?] Nous apprenons la destruction d’un quartier de Romans. L’investissement de Lyon se poursuit. Donc les Allemands y sont. Pas de cartes de ravitaillement. Je vais chercher les ROUX aux Robins. J’y suis surpris par un orage épouvantable. L’après-midi nous rédigeons le journal.

Nous avons été ennuyés par l’histoire du curé. Celui-ci s’avançant vers M.R. aux Robins, M.R. refuse de lui serrer la main. M.R. dans une réunion avec GRÉGOIRE et quelques autres, demande une correction pour le curé. GRÉGOIRE s’y oppose et calme M. R. C’est ce que je dis au curé le samedi matin. J’ai vu l’Église : vision de guerre, bien qu’on ait balayé le bas de l’Église. La chasuble est restée sur l’autel. Le chœur est ouvert, ainsi que le transept.

J’étais revenu depuis peu de temps chez MAUDRAND quand des éclatements très proches nous arrivent. J’emporte mes enfants chez FAILLY, qui avait, avec l’aide des Valentinois, creusé une tranchée assez longue. De nouvelles détonations très proches jettent les GRÉGOIRE chez FAILLY. On nous dit que M. G. est dans le fossé des Contrats et qu’un obus est tombé près des POMAREL touchant un camion. Je vais chercher des affaires, inquiet sur mon appareil qui se trouvait dans mon cartable. Il n’y est plus. On n’y échappe pas à son destin. Avec GRÉGOIRE trouvé chez MAUDRAND, nous rapportons le berceau. Grande émotion. GRÉGOIRE a vu tomber un obus à 20 m. de lui dans le poussier. Élise et Gaby et tous pleurent. Il embrasse les petits. « Il y a un bon Dieu, t’as pas besoin d’avoir peur pour moi ». Il s’apprêtait à repartir quand de nouvelles détonations surviennent. C’est la Poulate ou ses environs qui sont bombardés. GRÉGOIRE debout sur la digue, moi-même en retrait, Maman naviguant entre la tranchée et la digue, nous assistons au bombardement de la Poulate. Est-ce plus loin vers la Véore ? On ne sait. GRÉGOIRE va aux nouvelles. Il nous a donné ses consignes. Il s’agit d’un tir d’accompagnement. Les batteries américaines à Saint-Genis et Allex tirent sur la route des Robins. Ils allongeront le tir pour suivre la fuite des allemands. Il faudra donc continuer en remontant le Rhône, mais si le tir remonte il faudra au contraire revenir vers la Poulate.

La matinée est très pénible. Jean-Luc se barbouille avec le chocolat. Il est repoussant. Je m’installe près d’un orifice. Jeannette me passe comme un ballon le fils que je rentre quand ça tonne. Énervement. Titi craint les éclats qui passeraient par l’orifice. Certains s’affolent. Déjeuner près des meules de foin. Même menu. Pêches. Jeannette couche Jean-Luc près des feniers.[1]

Il est réveillé par de nouveaux éclatements très proches. Le tir s’allongeait un peu du côté des Contrats. M. CHARRIER et moi-même estimons nécessaire de nous replier un peu vers le Rhône. Nous nous installons à 300 m. dans un fossé protégé de hauts côtés. Nous y subissons un bombardement : toujours dans la même direction. Un peu plus tard GRÉGOIRE nous y rejoint. Il a été poursuivi par les obus dans le fossé des Contrats. Il nous annonce que le maquis tire de l’Ardèche.

Toute la journée, les fantassins allemands défilent chez FAILLY. Ils s’y lavent, ils y boivent, donnent du chocolat aux enfants. Réflexions tristes : c’est une chose terrible que la guerre. Quelques-uns sont encore gonflés.

Le soir quelques femmes passent, parfois pieds nus.

Quand nous revenons vers 17 h chez FAILLY, pour la première fois de la journée, il n’y a pas d’Allemands. Le rythme de leur fuite paraît moins dense. Je vais chercher le lait. Tout est calme maintenant. Depuis 16 h, n’y a pas eu de nouveaux tirs.

La Poulate, comme GRÉGOIRE nous l’a annoncé, est intacte. Mais il y a beaucoup de trous d’obus très près. Le matin je songeais : la prière d’aujourd’hui c’est que Votre volonté soit faite. C’est maintenant qu’il faut offrir toutes ces souffrances pour qu’elles contribuent à la Rédemption du monde. Quand nous avons vu la Poulate, notre Poulate intacte, nous tous saufs après tous ces tirs dirigés sur elle, nous avons conclu que Dieu nous avait protégés. La morale de cette histoire : c’est, dit GRÉGOIRE, qu’il y a un Bon Dieu.

Nous nous arrêtons chez SIBEUD qui lui aussi a été épargné. La famille de Mme S. à Saulce aussi. Il y a encore des Allemands chez eux. À la Poulate, ils passent moins nombreux. Deux hommes seulement dans la nuit. Nous passons une nuit, fort tranquille chez MAUDRAND dans le hangar.

Dimanche 3 septembre

Je sers la messe à 10h. Le gendre de POUCHON me dit que cela lui rappelle les messes sur le Sphinx  dans la petite Chapelle. Vers midi, Jacques arrive ! Le 1er dimanche nous avons une bonne surprise. Il nous raconte qu’à Vienne les Allemands ont passé le vendredi et ont fait sauter les ponts. Il est venu en voiture américaine jusqu’à Romans, de là, en autostop. À Vienne la foule manque de dignité. On tond la tête des femmes qui ont fréquenté les Allemands.

L’après-midi, nous faisons une tournée de reconnaissance. Les MAUDRAND qui n’y sont pas, les FAILLY sont absents. Nous revenons par Calabert vert les oseraies, une dizaine de trous d’obus. Des saules cassés, un cadavre de bicyclette, un gilet. Il y a peu de trous d’obus vers les Contrats, il y en a beaucoup entre la Poulate et le Rhône. Une dizaine vers le chemin de halage, vingt-cinq entre l’allée des mûriers et la vigne ; Sept dans le champ de seigle vers les topinambours, un dans le poussier (celui de GRÉGOIRE), certainement une cinquantaine de trous sur le domaine. Le soir avec Jacques, nous discutons sur la paix.

Lundi 4 septembre

Je lis à Étoile une proclamation. La république est proclamée : signé le comité de libération [[2]]. Un Abbé, l’Abbé de CHALAMET, le Pasteur SABLIER. S.F.I.O., le parti communiste, P. EMMANUEL. J’apprends à la T.S.F que Lyon est libéré : que les Alliés sont à 50 Kms de la Hollande, en Belgique, près de Metz et Nancy.

L’après-midi, Jacques et moi partons pour Montélimar. Au pont de Livron un camion américain nous passe avec nos vélos. Tout le long de la route gisent voitures, canons, bagages, papiers. Vision de guerre : Ils ont laissé des plumes. Le côté gauche de Loriol est entièrement brûlé, le reste de la ville très abimé. Sortie de Loriol : cadavres de voitures, Saulce est moins abimé, mais le combat y a eu lieu surtout vers le Chemin de fer et le Rhône. La Coucourde dévastée : spectacle de désolation. Le plus dévasté, c’est le Logis Neuf, dont il ne reste aucune maison intacte. Sur la voie on aperçoit les trains blindés allemands avec leurs énormes pièces et leurs wagons brûlés. Près de la route une ligne de chevaux morts. Parfois des odeurs infectes. Un petit bois en cendre, brûlé ! Montélimar est, contrairement aux bobards, à peu près intact. Les REYNAUD ont eu des Allemands chez eux, peu de pillage. Un obus sur la caserne. Léon REYNAUD est à peu près aveugle, son moral est très bas. Il voit des communistes partout. Il accable sans précision les mécaniciens, il va jusqu’à dire que les Mongols sont avec eux (L’ordre américain est de fusiller les Mongols et les miliciens sans jugement). Nous buvons un excellent Sauternes 1926. Nous revenons en vélo sans autostop. À la Drôme, il n’y a pas de camion américain pour nous prendre. Nous assistons au passage d’un convoi de camions magnifiques. Des petites voitures américaines. Nous allons passer par le Pont du chemin de fer. Il n’en reste qu’une arche sur laquelle se précipite la Drôme. Les autres ont été comblées en grande partie. D’énormes entonnoirs de tous côtés. Le soleil se couche sur un paysage lunaire. Les entonnoirs dans les graviers ! Après un détour inutile, je regagne la Poulate par les Robins. À la Poulate grosse émotion. Une voiture de F.F.I. est venue réclamer un prisonnier Allemand que nous avions caché. Maman affirme qu’il n’y a personne. En fait, ils trouvent le vieil Allemand que GRÉGOIRE avait gardé. Il s’agit d’un Allemand qui a fait les deux guerres de l’autre côté du Rhin, il était arrivé le dimanche, ayant été ramassé par la formation qui était chez nous.

Il y était resté dans des vêtements civils rendant de grands services à GRÉGOIRE, lui sauvant peut-être la vie, en tout cas, lui sauvant le reste de son écurie. Il était là rendant service à la ferme. Il n’avait jamais été dans notre intention de le soustraire aux Américains. Les F.F.I. le prennent, sur un ton très violent effrayant femmes et enfants, (ni GRÉGOIRE, ni moi, ni aucun domestique, nous sommes à la Poulate). Ils trouvent le vieil Allemand et l’emmènent. Il est déplorable qu’après avoir subi les Allemands pendant 4 jours, nous soyons traités ainsi par le F.F.I. il est grave que les habitudes allemandes et miliciennes aient déteint sur tous.

On traite maman de menteuse et on réclame sa carte d’identité : « Nous avons perdu trois cents de nos camarades ».

Mardi 5 Septembre

GRÉGOIRE va à Étoile. PERRIER et JACQUET prévenus emmènent leur Polonais à Valence et expliqueront l’histoire de GRÉGOIRE. Il rapporte le 4ème journal Allobroges. Hier à Montélimar nous avons vu le 3ème. La bataille allemande commence. Depuis hier Charlotte et Jean-Jacques sont à la Poulate. Toujours pas d’électricité.

Visite de MONDON. Je lui montre les obus. À Saint-Paul-lès-Romans quelques tanks allemands. MONDON, le 17, avait été arrêté et emmené en camion. Il nous apporte quelques journaux. L’article des Allobroges trouvant que la Justice qui n’a condamné à mort que 6 miliciens sur 10, est trop lente. L’inscription de l’abbé LEMONON [[3]]  contre les français nazifiés qui avaient achevé un blessé.

Mercredi 6 Septembre

MONDON repart à Valence. Mme RIGAUD vient laver. Le soir l’électricité revient : hourra ! GRÉGOIRE a envoyé un messager à Saint-Maurice. L’après-midi Papa et Édouard arrivent. Ils ont eu une vie plus calme que nous. Perquisitions à Miribel. Des Allemands vont et viennent sur la route. Combats à Meximieux. Les Allemands ont fait sauter tous les ponts à Lyon. Dégâts à notre appartement : les glaces brisées, la cloison entre la cuisine et la salle de bains. Le lundi Papa et Édouard doivent se cacher derrière les parapets pour échapper aux balles des miliciens qui tirent des obus vers Bellecour. Le dôme de l’Hôtel de Ville a brûlé. Lyon n’a été libéré que samedi. Quand on avait annoncé sa libération, les Allemands étaient toujours à Lyon.

Papa et Édouard sont venus en auto jusqu’à Vienne. De là à pied et en auto-stop dans un camion de la Légion étrangère. Ils ont passé par Romans par un gué sur l’Herbasse.


[1]  Meules de foin, poussier, assemblage de débris de paille.

[2] Dans le Comité de Libération d’Étoile mis en place le 15 octobre 1944, il y a René PERRIER et Auguste GRÉGOIRE

[3] L’abbé Michel LEMONON a écrit l’ouvrage « Résistance » Première édition en 1944, éditeur Domergue. Réédité : Éditions Deval, 1994, 96 pages

Jeudi 7 Septembre

Matinée sans histoire. Papa répare l’électricité à la salle à manger. L’après-midi, alors que nous sommes tous réunis, un homme surgit, coiffé de la casquette de Clémenceau : Vive Clémenceau, vive la France, vive De Gaulle, vive la République ! C’est tonton Ulysse venu en camion d’Aix.

Depuis peu d’évènements. La vie devient plus normale. Nous découvrons le ménage des instituteurs des Josserands : les PERRIER, le portrait de PERRIER par MARTIN. Nous allons chez eux le lundi 11. Le même jour SIBEUD est arrêté. On parle de dénonciation. Le curé annonce qu’il ira à Valence intervenir pour lui, puis il disparaît, rappelé comme aumônier à Valence.

Le jeudi 14 nous allons à Romans, Maman et moi. Visite aux FINET et à Mme PAIN. Le vendredi soir visite des PASCAL, avec leur frère F.F.I. et un américain.

Le samedi 16

Jeannette et moi allons à Valence chez les MONDON. Visite à l’Abbé. Pour aller auto-stop dans un camion de la R.A.F. Deux écossais charmants. Le samedi soir Mmes DURY et LUCECATINOT arrivent en camionnette. Ils repartent le dimanche avec Papa.

Lundi 18, visite aux BELLIER et aux TÉZIER avec Maman.

Extrait du livre « Nous voulons vivre » [Août à La Poulate] Lors de la fouille du terrain du château de La Paillasse, un troisième corps a été découvert un peu plus tard, c’est celui d’Albert RÉMY, dit « Bebert », un jeune natif de Nantua (Ain) qui est venu travailler à la ferme d’Auguste Grégoire, au quartier de La Poulate, pour se cacher. Né le 2 octobre 1921, il espère bien échapper au STO.

Août 44 à La PoulateLe dimanche 9 juillet 1944, comme tous les dimanches, il met sa tenue de ville et se rend à pied au village. Mais cette fois, ce n’est pas seulement pour rencontrer des amis au café, c’est aussi pour faire la distribution de quelques tracts parachutés la veille pour le maquis.

À la Paillasse les Allemands veillent et Albert ne peut leur échapper. Albert passe un mauvais quart d’heure. Comment pouvait-il expliquer qu’il avait trouvé les tracts par hasard ? Albert ne verra plus son patron ni ses amis.

C’est parce que son frère a beaucoup insisté que des fouilles sont entreprises le 13 février 1945 par le maire Paul Verd.

Un corps est découvert, sous 50 cm de terre, qu’Auguste Grégoire reconnaît par ses habits et surtout par les chaussettes en laine tricotées par une voisine : c’est bien son domestique. Ses chaussures ont disparu. Le médecin d’Étoile constate qu’Albert Rémy a été tué d’une balle dans la tête.

Suite à des recherches et au dépôt de dossier, la mention « Mort pour la France » est attribuée, le 13 avril 2017, à Monsieur Albert dit Bébert RÉMY, né à Lyon le 2 octobre 1921, décédé le 9 ou le 10 juillet 1944 à Étoile-sur-Rhône (Drôme).

Date de dernière mise à jour : 19/01/2024

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