Amis de la Constitution

Société Amis de la Constitution  ÉTOILE sous la Révolution - Léopold LAMOTHE

Chapitre VI – Société des Amis de la Constitution

Du 2 février 1791 au 30 fructidor, an 3 de la République.

« Mors aut Libertas ! »

La mort ou la Liberté !

La Société populaire comme on l’appelait encore, mérite une mention spéciale en raison de la part active qu’elle prit à tous les évènements de 1791 à l’an 3 de la République. Aussi, pour bien montrer l’importance de son rôle, nous avons cru devoir donner séparément les faits qui furent son œuvre. Est-il besoin de répéter que nous nous bornerons à relater des documents, en laissant au lecteur le soin de les juger ?

Nous lisons dans les Statuts : Des citoyens respectables du bourg d’Étoile, animés d’un zèle patriotique, désirant établir une  Société qui aura pour titre : Les Amis de la Constitution, se sont assemblés, le 2 février 1791, dans la sacristie des Pénitents dudit lieu, pour s’occuper de sa formation. Un citoyen demande la parole et dit : Les clubs patriotiques sont des écoles d’instruction et des foyers de lumière : ils entretiennent l’amour de ta Patrie et font pâlir le flambeau du fanatisme…

On vote avec des fèves noires, blanches et grises sur l’exclusion, l’admission ou l’ajournement des citoyens qui se présentent pour faire partie de la Société.

A la première séance, le bureau est ainsi constitué: TERRASSE, président ; MELLERET et BERNARD, secrétaires ; THOMAS, trésorier. Sont successivement admis : Jean-Pierre MELLERET, médecin ; MELLERE, prêtre, bachelier ; PÉLERIN, prêtre ; SAYN, bourgeois ; Jean-Louis SAUSSE, ROBERT, SAYN, NAVELLE, Louis MURE, Dominique CHAMON, POZIER, POINT, de Suze ; DIDIER, de DANDORE, etc., etc.

Un service funèbre est célébré, à ses frais, pour feu Henri NAVELLE, maire, et membre fondateur.

Des félicitations seront adressées aux sociétés populaires de Carpentras et d’Avignon, (*), qui ont manifesté le désir de s’unir aux sociétés françaises. Le 8 mai, banquet civique de tous les Amis Constitution.

À chaque séance, il est donné lecture des nouvelles reçues des divers points de la France. Le nombre des adhérents augmente sans cesse : bientôt la Société populaire couvrira tout le canton.

Une députation des Amis rappelle à la municipalité qu’elle doit faire disparaitre les anciennes marques de l’esclavage (armoirie). Enfin, les Sociétaires se rendent à l’église paroissiale pour assister la une messe en l’honneur de MIRABEAU, ainsi que la garde nationale.

(*) Ces villes appartiennent au pape.

Tous doivent prêter ce serment :

Nous jurons de surveiller les ennemis de la chose publique, de les dénoncer à tous les bons patriotes, et de nous rallier, dans un moment de calamité, au drapeau de la Liberté pour la défendre et la maintenir ; de soutenir, de notre fortune et de notre sang, tout citoyen qui aurait le courage de sa dévouer à la dénonciation des traitres à la Patrie et des conspirateurs contre la Liberté!

On sait que la défiance était partout à l’ordre du jour.

Le 29 mai 1791, les citoyens demandent leur affiliation au Club des Jacobins de Paris, déclarant, qu’à défaut des talents qui ne sont point le partage des citoyens agricoles, ils offrent à leurs frères leur amour inébranlable à la Liberté. Dorénavant, ils seront en correspondance suivie avec la fameuse société.

Nouvelle réunion pour entendre lecture d’un rapport du prêtre PÉLERIN, aumônier de la garde nationale, sur le vrai culte régénéré. En son absence, c’est son confrère, Antoine MELLERET, qui est chargé de parler à l’assemblée. Il s’en tire, d’ailleurs, à merveille, puisqu’il recueille les bravos de l’assistance tout entière.

À mesure que les événements se précipitent, les réunions sont de plus en plus nombreuses. Au commencement de chaque séance, ii est donné lecture de la correspondance reçue dans la décade. Les nouvelles, bonnes ou mauvaises, sont toujours commentées avec animation.

Le 14 août 1791, il est décidé que les membres assisteront en bonnet phrygien à la bénédiction de la première croix civique, qui a été élevée dans la chapelle des Pénitents.

On informe également les Jacobins, ces vaillants frères de la capitale, que le sieur NAYAC, nommé récemment ministre, a ici des liaisons suspectes, et que, par conséquent, c’est un individu à surveiller de près.

Les Amis de la Liberté couvrent maintenant tout le canton d’Étoile.

Ce général avait commandé le 18e  régiment d’infanterie, et s’était constamment montré bon soldat ; mais sa qualité de noble lui fit perdre son grade pour plusieurs années. Il va offrir ses services à la Patrie menacée et prie la Société populaire de veiller sur sa famille. Cinq membres se rendent, séance tenante, chez les dames FONTBONNE pour les assurer de leur respectueux dévouement (*).

(*) Mais la Convention  refusa de lui rendre son grade, et, ce n’est que plus tard qu’il obtint satisfaction.

Le général FONTBONNE pouvait montrer avec orgueil la lettre que lui avait adresses le Commissaire national.

Dinan, le 25 janvier, an 2 de le République.

Je ne puis, citoyen Commandant, que donner les plus grands éloges à la conduite des braves guerriers qui composent le 18e régiment, en garnison dans cette ville, et que j’ai eu, hier, le bonheur de passer en revue.

Le chef de tels guerriers doit s’estimer heureux de voir couronner de succès les fatigues, les peines et les soins qu’il a dû se donner pour établir une harmonie et une subordination faites pour servir d’exemples. Je n’ai pas moins apprécie, Commandant, l’ardeur civisme dont ils sont animés, mais mon âme a été navrée de voir leur position et de ne pouvoir y remédier au même instant.

Des hommes presque nus, au milieu des montagnes couvertes de glace et de neige, et aussi dignes d’être appréciés par la Nation pour laquelle ils combattent, ne peuvent être  que des républicains français !

Soyez assuré, citoyen, que je mettrai sous les yeux du pouvoir exécutif ce tableau et que les promesses que je leur ai faites hier, par votre organe, seront effectuées ; mais, en attendant, je crois qu’il est nécessaire d’adoucir leur sort par les moyens qui sont entre nos mains, et de veiller à leur conservation.

Tous les postes militaires de cette ville sont dégarnis de guérites, et, dans un climat aussi pluvieux que celui-ci, les soldats doivent nécessairement attraper des maladies. Pour les en garantir, il me paraît convenable d’établir des guérites dans tous les postes à demeure.

En conséquence, je vous prie de prendre vos mesures pour qu’il y ait, le plus tôt possible, des guérites dans tous les postes. Je vous autorise ii faire toutes les acquisitions nécessaires à cet effet, même à l’Administration provisoire de cette ville, sauf à faire supporter la dépense par telle caisse qu’il appartiendra.

Je suis, avec des sentiments de fraternité.

BOSQUE, commissaire national.

Le 29 juillet 1792, une lettre des frères de Marseille annonce aux Amis d’Étoile le prochain départ d’un régiment de volontaires. Cette nouvelle est accueillie avec des transports de joie.

Trois semaines après, les braves Marseillais s’arrêtent ici pour y chanter l’hymne de ROUGET de l’ISLE. Ils y trouvent la plus vive sympathie ; les citoyens se les disputent, et c’est à qui les recevra le mieux, La Marseillaise, qu’on entendait pour la première fois, excite l’enthousiasme de tous.

Une collecte est faite à leur profit, et la foule les accompagne jusqu’au relais de Lapaillasse. Ils déclarent, en partant, qu’ils se rappelleront toujours la touchante réception qu’ils doivent aux habitants d’Étoile.

Un membre demande qu’on juge la conduite de la municipalité, qui est d’intelligence avec les ennemis de la Patrie.

À la suite de la réception des citoyens ROMIEU, PAYAN, BLACHETT, SUART et FOREST, administrateurs du département, les assistants se rendent sous l’arbre de la Liberté, pour y chanter l’hymne marseillais.

Le  22 septembre, il est donné lecture du procès-verbal de septante-une Sociétés, réunies à Valence les 7, 8 et 9 de ce mois.

Pour seconder le zèle patriotique du citoyen Jean-Pierre MELLERET, qui s’était offert de partir pour organiser la légion des Montagnards, les Amis’ lui adjoignent Jacques GUÉRAIN, ancien soldat. Ils se rendent à Avignon pour former cette milice.

Dorénavant, la Société populaire sera affiliée à celle de Marseille.

Enfin, le Conseil général est accusé de n’avoir pas fait déporter tous les prêtres réfractaires, et de négliger la vente des biens nationaux.

L’ère nouvelle est adoptée par la Société. Le 6 de la 1ère décade du 2ème  mois, 2ème  année de la Liberté, un membre propose de ne recevoir dans la salle que les citoyens et citoyennes qui se présenteront avec la cocarde tricolore posée sur la tête, du côté gauche. Des bravos frénétiques accueillent cette motion d’un bon patriote.

Quelques jours après, un comité épuratoire est nommé pour exclure les membres qui n’offriraient pas toutes les garanties voulues, soit par eux-mêmes, soit par leurs attaches avec les gens suspects. On décide, en outre, que les enfants seront inscrits comme sociétaires, à partir de l’âge de douze ans, mais sans avoir voix dans les discussions.

Le citoyen Jean-Louis SAUSSE, président, prête serment ainsi qu’il suit : Je jure de maintenir la Liberté et l’Égalité, ou de mourir en les défendant ; de prendre la défense de tout patriote opprime et d’observer le règlement que la Société adoptera.

Le 27, douze citoyens se rendent à Montmeyran pour y installer la jeune Société populaire. Même démarche vis-à-vis des frères de Beaumont et Montéléger.

Les Droits de l’Homme sont affichés dans la salle des réunions. Dans la même séance, la Municipalité est invitée à se procurer un précepteur pour instruire la jeunesse.

Ou propose aux frères de Montmeyran et de Beaumont de ne former qu’une seule Société, en la divisant en plusieurs comités. (30 frimaire.)

Les quittances des censés sont brûlées, au milieu des acclamations des citoyens. Puis, un nouvel avertissent est donné aux  officiers municipaux, qui ne font pas combler les cloaques des chemins, mettant ainsi en danger la vie des travailleurs.

Les citoyens CHAMPEL, ARTAUD et MELLERET vont demander au Conseil l’église paroissiale comme lieu de réunion.

Le président lit ensuite le Père Duchêne  (*) qui annonce la victoire de nos troupes sons les murs de Toulon, Des cris délirants de : Vive la République ! Vive la Convention ! Vive la Montagne ! Sont poussés par tous les citoyens et citoyennes, coiffés, pour la plupart du bonnet phrygien.

(*) Journal révolutionnaire qui, par ses excitations, amène la mort des Girondins.

1er décadi de nivôse). D’après le vote sont désignés :

1° Comité de réception : SAYN Fils ; Louis SAUSSE ; ROBERT ; Simon MARGERIE ; NAVELLE ; PETIT ; POZIER ; PÈLERIN curé ; MELLERET père ; Jean ROMIEU ; DUSSERRE ; CHARIGNON ; Pierre CROZIER ; ROUX fils ; CHAZAL père : FRANÇOIS, aux Josserands ; THOMAS père ; FREYSSIN ; BOUVET ; Jacques-Antoine MELLERET ; Thomas GIRAUD ; CAMPERRI, maréchal- expert ; AMORIC ; RAMUS ; François CROZIER.

2° Comité de correspondance ou des sept : Louis SAUSSE ; Joseph POZIER ; Adrien RAMUS ; François AMORIC ; SAYN fils ; PÈLERIN curé ; PETIT.

Grande joie, en apprenant que vingt vaisseaux anglais, chargés de vivres ont été capturés devant Toulon. On entonne, en l’honneur de nos braves, l’hymne patriotique de la Liberté (Marseillaise) que les citoyennes des tribunes ont répété aux applaudissements frénétiques de la salle.

La Société proteste énergiquement contre la suppression des marchés du bourg. Elle écrit ses doléances à l’Assemblée nationale (20 nivôse).

La séance est ouverte par le chant de ROGET de l’ISLE, et les cris répétés de : Vive la République ! Vine la Montagne ! On arrête que les sociétaires seront munis de cartes qu’on leur demandera en entrant.

Puis vient la question du partage des biens communaux. Des citoyens font observer que la part revenant à chacun ne serait guère, d’après leur calcul, que d’un civayer et demi (cent cinquante mètres carrés). Aussi, l’Assemblée décide-t-elle de laisser au Comité des vingt-cinq, le soin de se prononcer pour la vente ou la division des dites propriétés › (20 pluviôse).

Chant de l’hymne : Amour sacré de la Patrie... Lecture est donnée de plusieurs lettres des volontaires sur la situation de nos armées. Il est arrêté qu’on surveillera ceux qui, non seulement n’observent pas le repos de décadi, mais qui affectent de chômer le ci-devant dimanche.

Tout individu qui ne se conformerait pas à la Loi sera exclu de la Société et considéré comme un mauvais citoyen. Le bureau nomme, d’ailleurs, des commissaires chargés d’instruire les ignorants qui observent le repos du dimanche.

La citoyenne BOUVET, coiffée du bonnet phrygien, et portant la cocarde tricolore, monte à la tribune et prononce un discours patriotique. Elle récite, ensuite, avec grâce  et naturel, la Déclaration des Droits de l’Homme. Le Président donne l’accolade fraternelle à la jeune fille, au milieu des applaudissements de l’Assemblée.

Au début, cris de : Vive la République ! Vive la Montagne ! Vivent les Sans-Culottes ! MELLERET ainé, et le général FONTBONNE offrent de subvenir à l’éducation de trois républicains indigents. Il est parlé aussi du danger des dénonciations mal fondées.

Un membre fait observer que l’huile manque chez les marchands, et qu’il convient de les forcer à renouveler leurs provisions, sous peine d’être taxés de suspects et traites comme tels.

(30 germinal an 2). Aux acclamations ordinaires, ou en ajoute une autre très énergique contre les aristocrates. Ou envoie une députation aux directeurs du département pour les prier de redoubler d’énergie à l’égard des détenus et d’être inflexibles à toutes les sollicitations de leurs familles. Des chants mélodieux terminent la séance.

Un comité d’instruction est institué pour propager le culte de la raison.

Puis des voix enchanteresses entonnent le magnifique refrain : Plus de Prêtres !  Et on se retire aux cris de : Au f...tre les aristocrates.

Un citoyen dans un discours pathétique démontre combien est funeste le repos du dimanche (vieux style), attendu que ce jour n’est pas de droit divin.

Enfin, le Président apprend les victoires des soldats de la République : sur les infâmes tyrans coalisés et l’on applaudit...

La Société a reçu de bonnes nouvelles de l’armée. Au milieu de la joie générale un membre lit un dialogue propre à extirper, jusqu’à la racine, les préjugés et les restes du fanatisme des prêtres. Acclamations répétées de : Vive la République ! Vire la Montagne ! Au diable tous les ennemis de la

Patrie !

Le président, à l’issue de la séance, se munit d’une patriote ; les autres l’imitent, et tous se rendent au pied de l’arbre de la Liberté, ou l’on chante l’hymne marseillais ; puis, chacun embrasse l’arbre chéri.

Séance ouverte, comme toujours, par les cris de : Vive la République ! Vive la Montagne! Vivent les Sans-Culottes ! Au f...tre tous les ennemis de la Patrie ! Un membre doué de la plus douce philanthropie a dit : Vous avez, citoyens, le jardin attenant à la ci-devant maison curiale, aujourd’hui maison commune, qui n’a été cultivé, depuis longtemps sous le régime du despotisme, que pour produire des herbes propres à diversifier le gout de gros, gras et pieux fainéants. Il serait bien juste qu’à présent, et sous le régime républicain, il ne fut employé qu’au soulagement de l’humanité souffrante, en le complantant de simples.

Je demande, en conséquence, que la Société populaire arrête provisoirement, et sous le bon plaisir de la Nation, que le jardin préposé soit dorénavant le .Jardin botanique de la commune ; que les plantes les plus usuelles en médecine - choisies par un botaniste expérimenté - y soient cultivées et surveillées avec le plus grand soin pour être fournies gratuitement aux besoins de nos frères infirmes et malades.

La proposition, ne présentant rien que d’humain, a été mise aux voix et approuvée, a  l’unanimité, par la Société, qui est et qui sera toujours active à saisir tout ce qui peut procurer la santé et maintenir l’embonpoint de ses concitoyens.  (30 prairial.)

Le 10 thermidor, sur la proposition d’un citoyen qui vient déclarer à la tribune que la récolte précieuse du blé fait le désespoir des aristocrates et l’espérance des patriotes , la Société invite le Conseil a requérir tous les hommes et femmes valides de cette commune pour les travaux de la moisson.

Plainte est déposée au Directoire de la Drôme contre le citoyen Mésangère CLAIRAC, administrateur du district, qui accapare le beurre et le fromage dans un but de spéculation. Dernièrement, il exhalait sa bile contre un marchand détailliste de Valence. Or, ce marchand fut dénoncé, et une perquisition ne fit découvrir dans son magasin que vingt livres de fromage, qu’il vendait à tout venant.

D’excellentes nouvelles sont parvenues au siège de la Société des Amis de la Constitution. Les braves volontaires de la République ont remporté de nouvelles victoires sur les tyrans coalisés. Les citoyens manifestent la joie la plus vive et entonnent la Marseillaise en l’honneur de nos vaillants soldats. En levant la séance, le président, MELLERET prononce ces paroles : Nous sommes au gros de l’ouvrage de notre récolte ; Frères et amis, allons tous, la joie dans le cœur et la faucille à la main ramasser de quoi nous nourrir, et nourrir amplement nos braves frères d’armes qui combattent pour la Patrie.

Le décret qui suspend le général n’a pu être rapporté, malgré les démarches de ses concitoyens. La Société populaire le recommande donc de nouveau, aux Jacobins de Paris dans les termes suivants :

Les frères d’Étoile, qui ont l’avantage de vous être depuis longtemps affiliés, se font gloire de vous devoir le développement énergique des principes de civisme qui germaient dans le cœur de chacun de ses membres. Longtemps, en effet, avant la Révolution, notre haine fortement prononcée pour la tyrannie et ses exécrables suppôts, avait, fait donner à la commune d’Étoile le surnom de PETITE RÉPUBLIQUE.

C’est sous nos murs que s’est formée, d’ailleurs, la première des fédérations civiques. Zélés initiateurs de nos voisins les Jacobins de Valence, qui se sont si fièrement montrés depuis cinq ans dans la marche hardie de la Révolution, aucune commune n’a rempli avec plus d’ardeur tous les actes de patriotisme, et nous pouvons dire, dans l’effusion de nos cœurs, que chaque occasion de dévouement a été pour nous, une fête nouvelle.

Cultivateurs, laboureurs, mais pauvres, et constamment opprimés de prédilection par d’infâmes publicains, connus sous le nom abhorré d’intendants ; manquant souvent de  pain, il a été donné à peu de nous les moyens de soigner leur éducation ; mais la pénurie de l’ancien régime et ses vexations multipliées n’ont fait que préparer nos âmes d’une manière plus active à l’heureuse régénération dont nous commençons à jouir grâce à l’admirable sollicitude de la Convention nationale, que vous avez si énergiquement secondée.

Comme nos redoutables ancêtres, les Gaulois, nous sommes simples, mais fiers et infatigables. Si nous écrivions à d’autres qu’à nos frères, nous regretterions, peut-être, l’art souvent abusif de bien tourner une phrase ; mais nos actions parlent pour nous. 0n se rappellera toujours avec enthousiasme ceux qui, les premiers, ont osé donner le branle à la Révolution !

Sans rien présumer des longs et utiles services du citoyen FONTBONNE, natif de cette commune, ainsi que de sa bonne réputation, nous vous exposons qu’il a été suspendu provisoirement de ses fonctions comme noble, malgré qu’il n’ait jamais fait partie de cette caste justement prescrite ; que son père, parti simple soldat au régiment d’Auvergne, parvint, au bout de vingt ans, au grade de capitaine et à la décoration militaire; mais, qu’il est le premier de sa famille  qui se soit tant avancé ; que ses ancêtres étaient tous roturiers, cultivateurs ou adonnés aux arts mécaniques.

Nous observerons, encore, que le citoyen FONTBONNE fils, dont il est ici question, député aux assemblées de Romans et de Vizille, ne vota jamais avec les nobles ; qu’il est très estime de tous pour son patriotisme soutenu et son courage à la guerre, qui l’a porté au grade de général de brigade après trente-sept ans de service et onze campagnes ; que sa belle conduite en Belgique lui a mérité les félicitations de la Convention nationale.

Pour ces motifs, la Société populaire d’Étoile, croit bien mériter de la Patrie en vous dénonçant l’erreur ou l’injustice dont le citoyen FONTBONNE a été victime de la part d’un ci-devant ministre.

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Date de dernière mise à jour : 08/07/2021

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