Souvenirs Historiques

ÉTOILE sous la Révolution - Léopold LAMOTHE

 

Souvenirs historiques

Monticule de forme conique, très bien conservé, grâce aux chênes qui le recouvrent. On y trouve un nombre considérable de tombes, toutes très étroites et formées de morceaux de molasse posés de champ. Il n’est pas rare de rencontrer deux squelettes ensemble.

Les corps ont été placés parallèlement, les pieds tournés vers l'Est. Sous une première rangée, on en trouve une seconde, puis une troisième..., quelquefois, sans les pierres qui les accompagnent d’Habitude.

Élevé au milieu d’un lac miocène, dont les restes se remarquent encore en allant à Montmeyran et à Ambonil, on ne pourra se prononcer sur l’époque de son érection qu’après des fouilles sérieuses. Disons, toutefois que les débris de vases trouves au milieu des ossements, ont paru du plus liant intérêt.

On voit dans le joli parc de M. TÉZIER, à La Paillasse, une colonne militaire trouvée en 1757, sur l’ancienne route d’Arles à Vienne. Personne n’ignore que ces pierres servaient au même usage que nos bornes kilométriques d’aujourd’hui : elles indiquaient les milles (l7O0 mètres environ). Elle date de 147 ans ap. J.-C., et porte l’inscription suivante, assez bien conservée :


IMP       CAES     T             AEL        HAD

ANT       AVG      PIO        PP          PM

TR           POT       X             COS       IIII

V I


(À l’empereur César-Titus-Elie-Adrien-Antonin-Auguste, pieux père de la Patrie, pontife souverain, revêtu dix fois de la puissance tribunitienne, et consul pour la quatrième fois. Sixième mille.)

Fondé avant les croisades, dans un site charmant, devint propriété nationale sous la Révolution. Les champs qui l’entourent ne sont, pour ainsi dire qu’un vaste ossuaire et la charrue met encore à jour de nombreux ossements humains, et des débris de vases antique.

Mérite d’être visite.

Au dixième siècle (*), les habitants du bourg bâtirent ces remparts que nous voyons encore aujourd’hui. Ils ont donc bravé le temps, grâce à leurs robustes assises.

Il ne serait, peut-être, pas difficile d’indiquer les anciennes carrières qui fournirent la molasse. (Nous employons ce mot dans son acception générale).

Tous les villages, un peu importants, eurent leur enceinte.

Il n’y avait pas de sécurité au moyen-âge ; les campagnes étaient infestées de brigands, qui ne vivaient que d’assassinats.

D’autre part, les Sarrasins désolèrent ces contrées, dès le huitième siècle. Avec leurs barques légères, ils remontaient le Rhône et ses affluents, portant, partout, la dévastation et la mort.

Enfin, les seigneurs étaient continuellement en guerre.

Telles sont les causes qui portèrent les anciens habitants d’Étoile à se mettre à l’abri derrière ces épaisses murailles.

On y voit encore la trace des boulets ; car le bourg subit plusieurs sièges.

(*) Découvert par M. J. FAURE, aujourd’hui, agent consulaire à Curaçao.

On remarque sur la façade de l’église paroissiale, une charte en caractères gothiques, donnée à la commune en 1244 par Adémar, comte du Valentinois: elle assurait certains avantages aux seigneurs d’Étoile, ainsi qu’aux prieurs de Saint-Marcellin : exemption des corvées, des visites domiciliaires, etc. Ces chartes ne sont pas rares.

Ces pierres servaient à mesurer le grain vendu sur la place. Il serait difficile de leur assigner une date précise, les marchés existant dès le moyen-âge. D’ailleurs, il en existe de semblables dans toutes les localités importantes.

Autre demeure de Diane de Poitiers. Détruit en 1792-1793, les matériaux furent vendus au profit de la Nation. Un pan de mur rappelle seul son emplacement dans la cour des moulins de M. Charles BLANCHON.

L’établissement assez riche. Un des premiers legs, est celui de Guillaume de Poitiers (*) (12 mars 1546). Depuis, des personnes charitables n’ont pas oublié cet asile de bienfaisance dans leurs dernières volontés. Citons notamment : Mme Pauline VINCENT de MAZADE : 6000 Fr. (1840) ;

M. Roule BLAIZE : 1000 Fr. (1841); Mme Julie MORIER, veuve de François BOREL : 2OOO Fr. (1843) ; Mme Sophie SAYN, veuve de M. Balthazar MORIER : 1000 Fr. (1867) ; enfin Mme veuve ROUX, née CHAUMIER : 13000 Fr. environ (1879).

(*) Frère de Diane de Poitiers.

Très important relais de poste, autrefois, et connu dans la France entière. Alexandre DUMAS en parle dans un de ses romans : Les compagnons du Jéhu. Rappelle J.-J. ROUSSEAU, BONAPARTE, CHAMPIONNET et bien d’autres noms illustres.

Vaste construction, sans architecture ; elle fut légèrement détournée de sa destination première en 1791, et servit de lieu de réunion à la Société des Amis de la Liberté. Ses vieilles voûtes humides furent donc les témoins de toutes les émotions populaires de cette terrible, mais glorieuse époque.

On y admire des salles décorées avec un gout et un luxe remarquables. Les armoiries qui ornaient le fronton furent rasées pendant l’orage révolutionnaire.

La belle Diane de Poitiers, dame d’Étoile, y reçut son royal ami Henri Il.

Habitée par M. J.-P. MARTIN, maire sous la Révolution. BONAPARTE, alors sous-lieutenant à Valence, y recevait fréquemment l’hospitalité (1791). Plus tard, le représentant du peuple Jean DEBRY, en mission dans la Drôme, l’Ardèche et le Vaucluse, logea dans cette maison, quand il vint à Étoile, après le 9 thermidor.

Appartenait à l’honorable M. SAYN, ancien maire et président du Conseil cantonal, qui joua un si noble rôle sous la terreur en sauvant la tête des suspects.

Le 29 novembre 1789 les officiers des gardes nationales fédérées dans la plaine, y reçurent  le meilleur accueil : FAUJAS de SAINT-FOND, DUCLUSEAU de CHABREUIL, BARNAVE, etc., etc.

Arrière-grand-père de M. SAYN, premier adjoint au maire de Livron et délégué cantonal.

Sur le bord du Rhône et à l’extrémité de la digue de Chanfort, beaux appartements ; cheminée monumentale.

Admirablement située, près de la route nationale ; elle eut souvent la visite du jeune sous-lieutenant BONAPARTE, qui dirigea, lui-même, la plantation des beaux marronniers qu’on y voit aujourd’hui (1791)

La commune possède des archives très complètes à partir de 1770. Mais les registres ne sont pas toujours d’une lecture facile. On n’y trouve pas trace du procès-verbal de la première Fédération provinciale, et on le comprend, puisque l’original fut déposé entre les mains de DUCLUSEAU de CHABREUIL.

On a prétendu qu’un incendie détruisit les archives de la commune vers1750. Bien ne le prouve ; mais le fait pourrait bien être vrai.

Afin de donner à ce modeste travail une couleur tout à fait locale, on a conservé – à dessein -les termes mêmes des délibérations. C’est ainsi que l’on trouve : le cens, pour les censes ; gardes nationales, au lieu de gardes nationaux, etc. Cette remarque était, peut-être, inutile, le lecteur comprenant qu’on ne pouvait rectifier tel ou tel document.

FIN

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Date de dernière mise à jour : 24/09/2022

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