Elections présidentielles 1965

Marcel BARBU

Marcel BARBU, candidat à la première élection

présidentielle au suffrage universel en 1965

 

En 2017, Marcel BARBU aurait 110 ans, et chaque élection présidentielle est l’occasion de se remémorer la candidature et la campagne de ce « petit candidat ».

Pour beaucoup de commentateurs de l’époque et repris dans de nombreux articles jusqu’à ce jour, Marcel BARBU est réduit à quelques expressions et clichés :

Le candidat de la 11ème heure

Le candidat des chiens battus

Un pauvre gars qui pleure à la télévision

Mais rare sont ceux qui place cette candidature comme un événement important dans le parcourt d’un homme qui a mis sa vie au service des autres !

Pas de grandes écoles pour faire référence, pas de diplômes pour garnir un CV comme les autres candidats, mais une foi en l’Homme, à tous les Hommes.

L’évangile porte toutes ses actions, puisqu’il a choisi de témoigner sa foi à travers ses actions, au sein de la société.

D’abord par le travail, en créant des entreprises qu’il remet aux salariés rassemblés en communautés.

En construisant des milliers de logements sociaux, sans jamais se servir. Il y a tant de malheureux à loger.

La seule expérience politique est son mandat de député en 1946 (il se considérait à la gauche du Parti Communiste).

Ce palmarès est brillant, mais qui sans souvient lors de chaque élection ?

Marcel BARBU ne se contente pas, comme quelques riches de la planète qui donnent une part infime de leur superflu : il donne tout.

Né pauvre, il a vécu pauvre – il aurait pu devenir un riche industriel, il meurt pauvre : les dernières années, il habite dans une mansarde après avoir fait 4 000 familles heureuses propriétaires.

Le 9 novembre 1965, à l’Assemblée Générale de l’Association pour la Construction et la Gestion Immobilière (ACGIS), Marcel BARBU présente la situation des derniers projets de construction de maisons. Il bute sur l’obtention de permis de construire que la municipalité communiste refuse de lui accorder.

Pour dénoncer ce fait et faire pression sur les élus il est demandé à Marcel BARBU de se présenter aux prochaines élections présidentielles du 5 décembre 1965.

Mais voilà, il reste peu de temps pour déposer une candidature, la date limite est le 16 novembre à minuit, et il faut obtenir au moins 100 signatures d’élus sur toute la France. Pendant que Marcel BARBU prépare les démarches administratives de sa candidature, un groupe de bénévoles part à la rencontre des maires et des conseillers généraux.

Le jour dit, vers 23h30, Marcel BARBU se présente au Conseil Constitutionnel avec 117 signatures d’élus.

En quatre jours, Marcel BARBU et ses amis bien décidés ont réussi ce tour de force.

Même si ce nombre de 100 signatures peut paraitre faible en 2017, les moyens que disposent les candidats actuels sont beaucoup plus importants, nombreux sont ceux qui font part de leurs craintes de ne pouvoir obtenir les 500 parrainages, jusqu’au dernier jour et espère une surprise.

Les temps d’intervention à la télévision et à la radio public sont les mêmes pour tous les candidats.

Marcel BARBU n’est pas un professionnel de la politique, il enregistre ses interventions comme il intervient lors de ses conférences.

Lors d’une intervention à la télévision, il est ému. Certains diront qu’il pleure. Il avait la possibilité de refaire l’enregistrement, il a refusé, pour garder le « naturel », sa sincérité.

Toute sa campagne s’appuie sur ses réalisations : la communauté de travail Boimondau, les constructions de logements sociaux.

Une des caractéristiques de la vie de Marcel BARBU peut se résumer comme il le dit lui-même : Quand je conviens de quelque chose avec quelqu’un, je ne me contente pas d’en parler, je le fais !

Pour les  « vrais politiques », cet homme est dangereux !

Sur la télévision nationale, site de l’INA.fr :

     Intervention du 23 novembre 1965

     Intervention du 23 novembre 1965

     Intervention du 29 novembre 1965

     Intervention du 1er décembre 1965

     Intervention du 3 décembre

Des enregistrements réalisés par Marcel Gilles MERMOZ  (qui a été son secrétaire pendant la compagne, derrière à droite de la photo ) :

     Le 17 novembre 1965, après minuit, déclaration des candidatures par le président du Conseil constitutionnel Gaston PALEWSKI

     Le 30 novembre 1965, attaque contre le Figaro et les « faiseurs de paix » (pas de très bonne qualité)

Des articles de journaux :

     Paris Match du 17 novembre 1965

     Journal du Centre du 20 novembre 1965

     RIVARO du 25 novembre 1965

Interventions à la radio :

Texte de la déclaration de Marcel BARBU à la radio le 20 novembre à 12h45

Documents de la campagne :

Affiche électorale

Marcel Barbu : Candidat de Transition à la Présidence

Intervention de René Hamon

Comité de soutien

Bulletin « La Commune de Sannois » N° 29 de décembre 1965, et un numéro spécial

C'était de GAULLE

 

PEYREFITTE, Alain

C’était de Gaulle

Éditions FAYARD

Octobre 1997

660 pages

 

Alain PEYREFITTE est un proche collaborateur du Général de GAULLE, il est nommé ministre et porte-parole du gouvernement en 1962. À ce titre, il noue avec le chef de l’État une relation privilégiée, et il tirera de nombreux entretiens particuliers ce livre qui fait référence.

En page 603, il fait dire à de GAULLE, en parlant de ses adversaires à l’élection présidentielles : « En réalité, il n’y en a qu’un qui soit sympathique, c’est BARBU. C’est un brave couillon, il y en a beaucoup qui doivent se reconnaitre en lui. Il ne m’en veut que parce qu’il est écrasé par la vie, il se demande comment faire »

Et un peu plus loin, page 605, BARBU n’est cité que pour espérer que ses voix reviennent à de GAULLE au second tour.

Marcel Barbu

 

COULONGES, Georges.

Ma communale avait raison.

Éditions « Le Club »

Octobre 2010

420 pages

 

Page 236 : … Il faut dire que nous était en 1965 : les élections présidentielles étaient là, au cours desquelles comités d’écoute et directeurs de chaine donnèrent la pleine mesure de leur talent. On supprima des programmations l’inoffensif Di-lui non de Françoise Hardy.  Un candidat à la présidence s’appelait Barbu : on interdit à Adamo de chanter : Avez-vous vu un barbu sans barbe.

Elections présidentielles en France 

WINOCK, Michel

Les élections présidentielles en France, 1958-2012

Éditions Perrin

Octobre 2016

300 pages

 

Dans cet ouvrage qui retrace plus de 70 ans d’élections présidentielles en France, Marcel BARBU, comme d’autres « petits candidats », n’encombre pas les pages.
En page 40 quelques lignes pour reprendre des banalités :

« Enfin, deux candidats réussissent à obtenir les cent parrainages nécessaires, en dépit de leur obscurité. Le premier, Marcel BARBU, se déclara le ? candidat des chiens battus ?. Personne ne le connaissait, il passa pour un farfelu. Mais était-il ce ? brave couillon ?, comme le voulait de GAULLE ? Surtout un finaud, qui avait compris l’extraordinaire porte-voix que sont la radio et, plus encore désormais, la télévision, et qui va profiter de ces moyens de communication mis à sa disposition pour promouvoir sa communauté de travail dans la Drôme »

À la page 43, Michel WINOCK réduit la campagne de Marcel BARBU à une bonne opération financière, calcul qui n’a pas effleuré Marcel BARBU avant de se jeter dans l’arène médiatique :

« … et BARBU, 1,2%. Mais celui-ci se consola en calculant que sa prestation lui avait coûté 100 000 francs (environ 115 000 de nos euros, non remboursables parce qu’il n’avait pas obtenu 5 % des voix), alors qu’au prix réel une publicité équivalente lui aurait coûté 3 millions. D’autres, plus tard, s’en souviendrons »

Libération, article du 22 mars 2017 par Édouard Philippe : Respectons les «Barbu», poils à gratter salvateurs

Libération, article du 22 avril 2017 par Pierre Carrey : Présidentielle de 1965: Marcel Barbu, un «petit» candidat au poil

Est républicain, article du 13 mai 2017 par Joël Mamet : Récit d’un ancien ouvrier de « l’usine Barbu »

Pour aller plus loin ensemble

Date de dernière mise à jour : 21/03/2020

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