Ma guerre secrète

Jacques-Yves MULLIEZ

 

MULLIEZ Jacques-Yves

Ma guerre secrète - Résistant, pétainiste et presse,

Éditeur Les Lumières de Lille – 2010

190 pages

 

 

 

 

 

 

Jacques-Yves MULLIEZ est né le 25 novembre 1917 au Longeron (Maine-et-Loire).

Militaire, officier de chasseur alpins, il combat en Norvège et en France.

En octobre 1940, il crée le journal « Les petites ailes » dans le nord de la France, premier journal clandestin de la guerre, qui diffusera jusqu’en août 1941.

Après la débâcle, il revient à Vichy et fait partie d’un réseau d’espionnage pour Vichy et aussi pour les Anglais.

Étant repéré par la Gestapo pour ses actions en zone occupée, il rejoint la zone non-occupée. C’est là qu’il le nom de Jacques André DELORME né à Neufchâtel-en-Bray.

Jacques-Yves MULLIEZ décède en 2015

Par une connaissance commune, il rencontre Guillaume de TOURNEMIRE, chef des Compagnons de France.

Aux Compagnons de France il retrouve une équipe « anti Boches » tout en restant fidèle au maréchal PÉTAIN. C’est ce que l’on appelle les « vichyssois-résistants ».

Il se lie d’amitié avec certains compagnons dont Gaston RIBY, créateur du mouvement « La chaine » et dont il retrace quelques péripéties :

 

Un jour, Riby se rend à l’hôtel de ville de Lyon où je ne sais plus quel organisme collaborationniste présente une exposition antisémite. Comme cette initiative est très controversée et qu’on s’attend à des manifestations, voire des attentats, l’hôtel de ville est gardée par la police assistée de Groupes mobiles de réserve (GMR), devenus les CRS après la libération. Pour entrer par le grand escalier arrière donnant sur la place des Terreaux, il faut passer entre deux rangs de GMR et de se laisser fouiller de la tête aux pieds. Gaston Riby, plutôt déguenillé, s’y rend, monte les larges marches en haut desquelles un policier, méfiant devant son allure un peu traîne-savate, le palpe consciemment. Quand il a terminé, Riby souriant le remercie et au lieu d’entrer, fait demi-tour. Il redescend l’escalier quand le policier qui vient de le fouiller le rappelle.

-           Oh ! Où allez-vous ? C’est par ici l’entrée.

-           L’entrée de quoi ? répond Riby.

-           Eh bien l’entrée de l’exposition.

-           Mais je ne vais pas à l’exposition.

-           Alors qu’est-ce que vous êtes venu faire ?

-           Eh bien, je venais juste pour qu’on me fasse des papouilles. Moi j’adore ça.

Devant l’hilarité générale, le flic préfère hausser les épaules et passer au suivant.

 

Pendant ce temps passé au Compagnons de France, d’août 1941 à juillet 1942, il parcourt la zone non-occupée et rencontre les Chantiers de jeunesse, l’école des cadres d’Uriage, participe à des conférences représentant Guillaume de TOURNEMIRE.

La première mission que lui confie de TOURNEMIRE est la réorganisation des services administratifs du mouvement. Il doit passer de 120 membres à 60.

Parcourant les locaux, il découvre dans les combles, un petit groupe d’une dizaine de jeunes régis par Louis LIEBARD qui se sont baptisés « Les Compagnons de la musique ».

De TOURNEMIRE lui accorde trois mois pour prouver que ce groupe peut s’autofinancer.

Tout commence par un essai en publique un dimanche ensoleillé.

 

Début octobre 1941, toute la troupe prend le train qui relie Lyon à Neuville-sur-Saône (dit le train bleu) et s’installe sur la plage où déjà les citadins profitent des derniers rayons du soleil. Comme tout le monde les compagnons se mettent en caleçon de bain et disparaissent au milieu de la foule et vont se baigner. Tout d’un coup, l’un se met à chanter. Dans l’eau jusqu’au thorax, les gars se rangent au coude à coude, sur un rang, face à la foule et entonnent un des chants qu’ils ont répété dans la semaine. La foule amusée et ravie de cette récréation commence à s’intéresser à cette saynète. Quand la chanson se termine, le publique applaudi et en redemande. Ils entament la fameuse « Perrine était servante ». Soudain, à la huitième strophe, « Quand on ouvrit le coffre, les rats l’avaient bouffé… », les chanteurs disparaissent sous l’eau. Cinq secondes s’écoulent avant qu’ils rejaillissent comme un seul homme. Le public est conquis. Ce tour de chant se poursuit à la salle des fêtes avec un beau succès.

Première séance payante puisque le but est le financement autonome de la troupe et naissance officielle des Compagnons de la musique.

 

Après cette prestation réussie, les chefs de provinces sont chargés d’organiser des tournées dans les salles municipales.

Ce rendant à Vichy pour participer à une importante représentation organisée par les militaires, les scouts et les compagnons du secteur, les Compagnons de la musique jouent devant une salle comble et en présence du Maréchal.

 

Jacques-Yves MULLIEZ obtient la promesse que les Compagnons de la musique viendront chanter pour son mariage. Promesse tenue en début 1946. Devant 300 convives, en souvenir de Jacques DELORME, ils interprètent « le chant des partisans ».

C’est à cette occasion, que le groupe lui annonce leurs contacts avec Édith PIAF.

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